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Joyeux Noëlukka!

Ce que pense la jeunesse de culture non chrétienne d’une fête incontournable du monde chrétien

«Noëlukka»: un mot-valise pour signifier le mélange de Noël et Hanukkah, deux fêtes quasiment simultanées. © Allegria
«Noëlukka»: un mot-valise pour signifier le mélange de Noël et Hanukkah, deux fêtes quasiment simultanées. © Allegria

Yvan Pierri

Publié le 24.12.2022

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Société» Chaque fin d’année, en décembre, les rues sentent le thé à la cannelle, les chants de Noël résonnent dans les églises et les villes se parent de guirlandes. Noël semble en belle forme, mais nombreux sont les jeunes Fribourgeois qui n’ont pas grandi avec le même rapport à la religion chrétienne que leurs parents. Nous avons demandé à deux d’entre eux comment ils vivent cette fête.

Simon*, 28 ans, est étudiant en lettres à l’Université de Fribourg. Bien qu’il soutienne activement la communauté juive de Fribourg, il n’est pas particulièrement religieux et voit Noël comme une occasion de se retrouver en famille: «Je suis d’une famille œcuméniquement mixte, moitié protestante et moitié juive. Noël a beaucoup fait partie de mon enfance car c’est la partie protestante qui vit en Suisse», explique Simon.

«Le fait que nous soyons athées ne nous empêche pas de comprendre le message derrière les rites»
Omar Ben Youssef, 22 ans

Omar Ben Youssef, 22 ans, étudiant fribourgeois à l’Université de Genève en relations internationales, est lui aussi au confluent de deux cultures. Né d’une mère chrétienne et d’un père athée issu d’une famille musulmane, il se dit également areligieux: «Mon père est homme au foyer donc, forcément, j’ai baigné dans la culture arabe, mais le fait que nous soyons athées ne nous empêche pas de comprendre le message derrière les rites.» Omar se retrouve donc en famille chaque fin d’année dans la salle commune de son domicile afin de célébrer «le fond plutôt que la forme»: «Quand nous fêtons Noël, c’est un peu comme une soirée normale. L’idée de Noël pour nous, c’est surtout de se rassembler en famille et d’être reconnaissant pour ce que l’on a.»

Célébrations hybrides

A la même période, Simon se retrouve avec la communauté pour fêter les huit jours d’Hanoukka qui se déroulent cette année au moment de Noël, du 19 au 26 décembre. La proximité temporelle entre les deux célébrations a donné lieu à des traditions hybrides comme «Chrismukkah» ou «Noëlukka» en français: «C’est une combinaison qui vient de la série télévisée Newport Beach aux Etats-Unis, où les mélanges culturels entre juifs et chrétiens sont plus intenses.» Une fête hybride qui, selon Simon, a tendance à se confiner aux territoires anglo-saxons, mais qui montre néanmoins à quel point les cultures juive et chrétienne ont pu se lier: «Les chants de Noël sont très présents dans l’imaginaire autour de la fête, même en Suisse. C’est drôle de voir qu’un bon nombre de ces chansons ont été écrites par des juifs américains.»

«D’une manière générale, dans les pays plus laïcs en Europe, je dirais que Noël garde vraiment une signification culturelle avant tout.»
Simon*, 28 ans

La convivialité, la famille, les cadeaux et les chants de Noël sont de grands symboles de la célébration au même titre que le Père Noël: «Coca-Cola a presque créé un nouveau culte…» rigole Simon tout en réfutant l’idée que Noël soit devenu une fête complètement investie d’un sens commercial: «D’une manière générale, dans les pays plus laïcs en Europe, je dirais que Noël garde vraiment une signification culturelle avant tout.»

*Prénom d’emprunt

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