Chronique: Les enfants à qui il arrive des trucs
Angélique Eggenschwiler
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Enfant, je regardais d’un œil envieux mes camarades qui se pétaient des trucs. Le tibia, le radius, n’importe quel bout de leur anatomie qui animait nos récréations pendant des semaines. Ils se pointaient alors avec cette merveilleuse invention, à mi-chemin entre la Légion d’honneur et la médaille olympique: un plâtre.
Le vrai, celui qui pesait une tonne et que vous deviez garder jusqu’à Pâques; votre pied finissait par avoir la consistance de la mélasse, les chairs sentaient la tomme au moment de la libération. Tous se précipitaient alors sur l’infirme pour signer son tibia, dessiner une licorne ou un pénis à l’angle du genou ou troller les signatures concurrentes à coups de feutres à paillettes. Et de l’autre côté du plâtre, il y avait moi, nous, suçant nos Pom’Potes derrière la balançoire, exclus du club très fermé des gamins à qui il arrivait des trucs.
Curieux comme, enfant, on est pressé de se prendre des gamelles
Dans la cour d’école, le monde se divise