Chronique: Ceux qui mettent le train en marche
Eloïse Vallat
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Nous sommes les ouvreurs, comme on aime dire. Les poseurs de voies ferrées, les cheminots, les ouvriers du rail, les sans-grade. Notre nom importe peu. Il change au gré des époques, des pays, et rien ne peut figer notre communauté perpétuellement en mouvement.
Nous sommes une masse nombreuse, disparate et souvent soudée. Des hommes, des femmes et, dans certaines contrées du monde, des enfants aussi. Tous poussiéreux, tous corvéables, tous effilés et noueux. En rejoignant les rangs, nous sommes nés à nouveau. Notre métier nous a avalés et remodelés. Nous lui devons notre corps et parfois notre esprit.
Le royaume du chemin de fer s’étend grâce à eux
Nous existons dans le vacarme perpétuel des marteaux, des pelleteuses et des cris du contremaître. Beaucoup d’entre nous ne parlent même plus, tellement ils ont la tête remplie de bruit. Nous communiquons par des regards, par des gestes, par des soupirs. Souvent, nous n’avons même pas besoin de ces langages brico