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Violents combats à Gaza après deux mois de guerre

Les combats continuaient de faire rage dans la bande de Gaza jeudi. Ici, une vue prise dans le nord. © KEYSTONE/AP/Leo Correa
Les combats continuaient de faire rage dans la bande de Gaza jeudi. Ici, une vue prise dans le nord. © KEYSTONE/AP/Leo Correa
La ville de Rafah est le seul endroit où de l'aide humanitaire est encore distribuée, selon l'ONU, même si en quantité limitée. © KEYSTONE/AP/Hatem Ali
La ville de Rafah est le seul endroit où de l'aide humanitaire est encore distribuée, selon l'ONU, même si en quantité limitée. © KEYSTONE/AP/Hatem Ali
La ville de Rafah est le seul endroit où de l'aide humanitaire est encore distribuée, selon l'ONU, même si en quantité limitée. © KEYSTONE/AP/Hatem Ali
La ville de Rafah est le seul endroit où de l'aide humanitaire est encore distribuée, selon l'ONU, même si en quantité limitée. © KEYSTONE/AP/Hatem Ali


Publié le 07.12.2023


Les combats ont continué à faire rage jeudi dans et autour des grandes villes de la bande de Gaza, deux mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas. Les civils de l'enclave, acculés dans un périmètre de plus en plus exigus, continuent de fuir au sud.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a mis en garde mercredi contre un "effondrement total de l'ordre public bientôt" à Gaza, qui pourrait avoir "des conséquences irréversibles pour les Palestiniens dans leur ensemble et pour la paix et la sécurité dans la région", provoquant la colère d'Israël.

Le bilan dans le petit territoire palestinien assiégé et dévasté par les bombardements israéliens s'est encore alourdi jeudi pour atteindre 17'177 morts, à 70% des femmes et des moins de 18 ans, selon le ministère de la Santé du Hamas.

En Israël, l'attaque sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre a fait 1200 morts, essentiellement des civils, et 138 otages sont toujours détenus à Gaza, sur environ 240 enlevés le jour de l'attaque, selon les autorités israéliennes.

Le pays traumatisé se préparait à célébrer Hanouka, la fête juive des Lumières, qui commence jeudi soir pour huit jours. A Tel-Aviv, des proches d'otages ont organisé dans la soirée une veillée, chantant et portant leurs portraits ainsi que des bougies.

Toujours plus au sud

Appuyés par des frappes aériennes, des chars et des bulldozers, les soldats israéliens ont affronté jeudi les combattants du Hamas à Khan Younès, la plus grande ville du sud du territoire, ainsi que dans le nord, dans la ville de Gaza et le secteur voisin de Jabalia.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré mercredi que les forces israéliennes "encerclaient la maison" à Khan Younès de Yahya Sinouar, le chef du Hamas dans la bande de Gaza, considéré comme l'architecte de l'attaque du 7 octobre. "Sinouar se cache sous terre", a affirmé le porte-parole de l'armée Daniel Hagari, en allusion aux tunnels du Hamas dans Gaza.

Dans le sud, des centaines de milliers de civils se sont massés depuis le début de la guerre à proximité de la frontière fermée avec l'Egypte, fuyant les combats dans le nord et confrontés à une situation humanitaire catastrophique.

Une partie d'entre eux ont été contraints ces derniers jours par l'armée israélienne de se déplacer à nouveau, acculés dans un périmètre de plus en plus exigu, fuyant vers la ville frontalière de Rafah, à mesure que les combats s'étendaient.

En riposte à l'attaque du 7 octobre, Israël a promis d'anéantir le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, et a lancé sur le territoire palestinien une intense campagne de frappes aériennes doublée depuis le 27 octobre d'une offensive terrestre.

Prier et pleurer

Depuis la reprise des combats le 1er décembre après sept jours de trêve, l'armée a étendu son offensive au sol, menée dans le nord lors de la première phase de la guerre, à la partie sud du territoire, et a resserré son étau autour des principaux centres urbains de Gaza.

Au total, 89 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l'offensive terrestre à Gaza, selon l'armée.

Dans le nord, des dizaines de chars et véhicules blindés israéliens ont pénétré dans la vieille ville de Gaza. A Khan Younès, l'armée a annoncé jeudi avoir "tué des terroristes du Hamas et frappé des dizaines de cibles terroristes". A l'hôpital al-Aqsa, dans la ville de Gaza, 115 corps sont arrivés en 24 heures, selon Médecins Sans Frontières.

A Rafah, dans la morgue de l'hôpital al-Najjar, une vingtaine de cadavres enveloppés de plastique blanc, dont ceux, tout petits, de beaucoup d'enfants, étaient allongés par terre, entourés par leurs proches qui priaient et pleuraient.

L'ONG israélienne de défense des droits humains B'Tselem a dénoncé une crise humanitaire directement "voulue" par Israël, comme "moyen de faire pression sur le Hamas".

A Rafah, des milliers de déplacés ont installé des camps de fortune, tentant de survivre dans le plus grand dénuement.

Système de santé "à genoux"

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a évoqué sur Twitter un système de santé "à genoux" dans la bande de Gaza, où la plupart des hôpitaux du nord ne fonctionnent plus tandis que ceux du sud, submergés par l'afflux de milliers de blessés, sont au bord de l'effondrement.

Israël a imposé depuis le 9 octobre un siège total à la bande de Gaza, qui provoque de graves pénuries d'eau, de nourriture, de médicaments, d'électricité, tandis que l'aide humanitaire, dont l'entrée est soumise au feu vert israélien, n'arrive qu'au compte-gouttes depuis l'Egypte.

Le carburant, nécessaire au fonctionnement des générateurs dans les hôpitaux et aux équipements de dessalinisation de l'eau, manque aussi. Le gouvernement israélien a cependant autorisé la livraison d'un "supplément minimal" de carburant à Gaza pour éviter un "effondrement humanitaire" et des épidémies, deux jours après un appel en ce sens des Etats-Unis, son allié.

Jeudi, le chef des opérations humanitaires de l'ONU Martin Griffiths a déclaré voir des "signes prometteurs" de l'ouverture "prochaine" du passage de Kerem Shalom entre Israël et Gaza, qui, avec le poste-frontière de Rafah, assurerait un second accès à l'aide humanitaire.

Selon l'ONU, 1,9 million de personnes, soit environ de 85% la population, ont été déplacées par la guerre dans la bande de Gaza où plus de la moitié des habitations sont détruites ou endommagées. La ville de Rafah est le seul endroit où de l'aide humanitaire est encore distribuée, en quantité limitée, selon l'ONU.

Une exposition à la mémoire des victimes

La guerre a aussi ravivé les tensions à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas.

L'armée et les secours israéliens ont annoncé jeudi la mort d'un civil israélien, tué dans le nord d'Israël par un tir de missile antichar revendiqué par le Hezbollah.

Benjamin Netanyahu a lancé un nouvel avertissement au Hezbollah: "Je suggère à nos ennemis de bien faire attention, parce que si le Hezbollah choisit de déclencher une guerre totale, il transformera par sa faute Beyrouth et le sud du Liban, non loin d'ici, en Gaza et Khan Younès", a-t-il prévenu.

Une exposition s'est ouverte jeudi à Tel-Aviv, consacrée à la mémoire des 364 personnes tuées par des combattants du Hamas le 7 octobre alors qu'elles participaient à un festival de musique.

Mercredi soir, les proches de victimes ont déambulé en silence dans cette reproduction à l'identique du site du festival. Parmi eux Amit Zender, 63 ans, vêtu d'un tee-shirt affichant la photo de sa fille Noa et les dates "2000-2023". "Je suis venu voir à quoi ressemble ce festival où ma fille est morte", a-t-il confié, réclamant un "musée permanent".

ats, afp

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