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La Corée du Nord annonce l'échec du lancement d'un satellite-espion

Ce nouveau lancement nord-coréen coïncide avec des manoeuvres américano-sud-coréennes de grande ampleur qui ont débuté lundi et doivent se dérouler jusqu'au 31 août. © KEYSTONE/AP/Lee Jin-man
Ce nouveau lancement nord-coréen coïncide avec des manoeuvres américano-sud-coréennes de grande ampleur qui ont débuté lundi et doivent se dérouler jusqu'au 31 août. © KEYSTONE/AP/Lee Jin-man


Publié le 24.08.2023


La Corée du Nord a annoncé jeudi que sa deuxième tentative en trois mois pour mettre en orbite un satellite-espion avait échoué. Elle a promis de refaire un essai en octobre.

"Les phases une et deux du vol de la fusée ont été normales, mais le lancement a échoué à cause d'une erreur dans le système de mise à feu d'urgence au cours de la troisième phase de vol", a indiqué l'agence de presse officielle KCNA.

"La cause de l'accident en question n'est pas un problème majeur" et Pyongyang procédera à un troisième lancement en octobre après avoir pris des mesures correctives, a-t-elle ajouté.

Selon l'état-major interarmées sud-coréen, l'engin a été lancé vers 03h50 (12h50 mercredi en Suisse) en direction du sud et "a traversé l'espace aérien international" au-dessus de la mer Jaune. Le gouvernement sud-coréen a réuni son conseil national de sécurité.

Condamnant le lancement, il a déploré que la Corée du Nord "gaspille des ressources rares dans des provocations inconsidérées tout en rejetant sur des fonctionnaires subalternes la responsabilité de la situation économique qui conduit son peuple à la famine et à la mort".

"Rien n'a été mis en orbite"

"Nous avons confirmé que rien n'a été mis en orbite terrestre lors du lancement cette fois-ci et nous considérons donc qu'il s'agit d'un échec", a déclaré pour sa part le premier ministre japonais Fumio Kishida. "Néanmoins, un tel comportement va à l'encontre des résolutions de l'ONU et nous avons déjà fermement protesté", a-t-il ajouté.

M. Kishida avait auparavant indiqué que le projectile était passé dans l'espace aérien japonais, au-dessus de l'archipel d'Okinawa.

Mardi, Pyongyang avait fait savoir au Japon que le lancement aurait lieu entre les 24 et 31 août, ce qui a incité Tokyo à mobiliser des navires et à mettre en alerte son système de défense antimissiles PAC-3.

Séoul a qualifié un tel lancement "d'illégal", car il viole les sanctions de l'ONU interdisant à la Corée du Nord de procéder à des essais utilisant la technologie balistique, qui est employée à la fois pour les tirs spatiaux et de missiles.

Malgré son échec, ce lancement constitue une "violation flagrante de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, aggrave les tensions, et augmente les risques de déstabilisation de la situation sécuritaire de la région et au-delà", a fustigé la porte-parole du conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, Adrienne Watson.

Manoeuvres Ulchi Freedom Schield

Ce tir a eu lieu quelques jours après que les dirigeants américain, sud-coréen et japonais ont tenu un sommet aux Etats-Unis, avec les menaces nucléaires de la Corée du Nord à l'ordre du jour. Il coïncide aussi avec Ulchi Freedom Shield, des manoeuvres américano-sud-coréennes de grande ampleur qui ont débuté lundi et doivent se dérouler jusqu'au 31 août. Selon les alliés, ces exercices visent à répondre aux menaces croissantes de la Corée du Nord.

Le 31 mai, la Corée du Nord avait tenté de lancer ce qu'elle avait décrit comme son premier satellite de reconnaissance militaire. Mais la fusée qui le portait s'est abîmée en mer Jaune quelques minutes après le décollage.

L'armée sud-coréenne, au terme d'une opération complexe de 36 jours en mer, avait fini par récupérer des parties de la fusée et du satellite. Après examen par des experts sud-coréens et américains, le ministère sud-coréen de la défense ont estimé que le satellite n'avait "aucune utilité militaire".

Des progrès

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a fait du développement d'un satellite-espion militaire une priorité pour "faire face aux actions militaires dangereuses des Etats-Unis et de leurs vassaux".

"Même si c'est un échec, le vol a progressé par rapport à la tentative précédente", a estimé auprès de l'AFP Joseph Dempsey, chercheur à l'institut international d'études stratégiques. "L'espace, c'est difficile", a-t-il ajouté.

"Il est important de garder à l'esprit que les ingénieurs apprennent des échecs", a déclaré pour sa part Jeffrey Lewis, expert en non-prolifération au Middlebury Institute of International Studies, selon qui, les échecs dans la troisième phase d'un lancement sont "courants".

"Un grand nombre des premières fusées américaines Redstone ont échoué", a-t-il rappelé. "Ils ont fini par comprendre et la Corée du Nord fera de même".

ats, afp

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