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Discussions américano-chinoises "dures" mais "constructives

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré que les actes de la Chine "menacent l'ordre fondé sur des règles qui garantit la stabilité mondiale" (archives). © KEYSTONE/AP/Andrew Caballero-Reynolds
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré que les actes de la Chine "menacent l'ordre fondé sur des règles qui garantit la stabilité mondiale" (archives). © KEYSTONE/AP/Andrew Caballero-Reynolds
Une fois seules et à huis clos, les délégations ont eu une longue conversation "substantielle, sérieuse et directe", a-t-on assuré côté américain. © KEYSTONE/AP/Frederic J. BrowUne fois seules et à huis clos, le
Une fois seules et à huis clos, les délégations ont eu une longue conversation "substantielle, sérieuse et directe", a-t-on assuré côté américain. © KEYSTONE/AP/Frederic J. BrowUne fois seules et à huis clos, le
Malgré les tensions, "nous avons été en mesure d'avoir une conversation très franche", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. © KEYSTONE/AP/Frederic J. Brown
Malgré les tensions, "nous avons été en mesure d'avoir une conversation très franche", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. © KEYSTONE/AP/Frederic J. Brown


Publié le 19.03.2021


Les Etats-Unis et la Chine ont conclu vendredi deux jours de discussions "dures" mais "constructives". Elles ont donné lieu au déballage inédit de leurs profonds désaccords, à l'image de la confrontation sans merci entre les deux premières puissances mondiales.

"Nous nous attentions à avoir des discussions dures et directes sur de nombreux sujets, et c'est exactement qui s'est passé", a déclaré le conseiller présidentiel américain Jake Sullivan.

Malgré les tensions, "nous avons aussi été en mesure d'avoir une conversation très franche", a renchéri le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, évoquant même des intérêts convergents "sur l'Iran, la Corée du Nord, l'Afghanistan et le climat".

Sans nier des "divergences importantes", le plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la diplomatie, Yang Jiechi, a également salué des discussions "franches, constructives et utiles".

Débuts peu diplomatiques

C'était le premier face-à-face depuis l'élection du nouveau président américain. Joe Biden s'est dit vendredi "fier" de son secrétaire d'Etat, qui a tenu tête à ses homologues chinois dans la ville d'Anchorage en Alaska.

La veille, dans des discours d'ouverture fort peu diplomatiques, les deux camps avaient mis en scène, comme rarement auparavant, le fossé qui les sépare. S'émancipant d'un protocole millimétré, les diplomates ont repris tour à tour la parole pour tenter d'avoir le dernier mot, rendant coup sur coup aux attaques d'une rare virulence venues d'en face.

Pékin menace la stabilité

C'est Antony Blinken qui a accusé d'emblée Pékin de "menacer" la "stabilité mondiale". Et d'énumérer les "profondes inquiétudes" de Washington s'agissant du "génocide" imputé aux autorités chinoises contre les musulmans ouïghours, mais aussi "de Hong Kong, de Taïwan, des cyberattaques contre les Etats-Unis et de la coercition économique contre nos alliés".

Piqué au vif, Yang Jiechi a dit sa "forte opposition" à ces "ingérences américaines dans les affaires intérieures de la Chine", menaçant de représailles "fermes".

Faire le ménage chez soi

Puis, il s'est lancé dans un long réquisitoire contre les Etats-Unis, accusés notamment d'être des "champions" en matière de cyberattaques.

Il a invité le pays adverse à faire d'abord le ménage chez lui, critiquant la "démocratie américaine" que Washington veut "imposer" dans le monde, mais en laquelle même les Américains n'auraient plus "confiance", et invoquant le mouvement antiraciste "Black Lives Matter" pour dénoncer le bilan de la première puissance mondiale en matière de droits humains.

Faire front commun contre Pékin

"Il n'est jamais bon de miser contre l'Amérique", a rétorqué Antony Blinken, assurant avoir entendu beaucoup de pays exprimer de "profondes inquiétudes" au sujet de l'attitude chinoise. L'administration Biden veut justement faire front commun avec ses alliés pour s'opposer en "position de force" à la Chine, érigée en "plus grand défi géopolitique du XXIe siècle".

Dans de nouvelles remontrances, Yang Jiechi a ensuite déploré la "condescendance" de son homologue américain. Même une fois que les journalistes ont quitté la salle, après plus d'une heure d'échanges virulents, les deux camps ont continué à s'accuser mutuellement d'avoir initié les "provocations", "violé le protocole" et envenimé l'atmosphère.

La Chine avait notamment été agacée par les dernières sanctions américaines contre sa reprise en main de Hong Kong, annoncées à la veille de cette réunion.

Pour une "compétition rude"

Avant le rendez-vous en Alaska, les attentes étaient déjà limitées, le président Biden ayant affiché son intention de poursuivre sur le chemin de la fermeté emprunté par son prédécesseur Donald Trump.

Mais l'équipe Biden, qui reprochait à l'administration Trump son isolement sur la scène mondiale et une diplomatie à la fois véhémente et brouillonne, assure vouloir être plus méthodique pour pouvoir aussi "coopérer" avec le géant asiatique face aux défis communs comme le réchauffement climatique.

Jake Sullivan a ainsi assuré que les Etats-Unis ne voulaient pas d'un "conflit" avec la Chine, mais étaient "ouverts à une compétition rude". Yang Jiechi a, lui, appelé à "abandonner la mentalité de Guerre froide" et plaidé également pour une forme de "coopération".

"Il est improbable que la Chine change d'attitude sur ne serait-ce qu'un seul des sujets qui comptent pour les Etats-Unis", prévient toutefois Elizabeth Economy, chercheuse à la Hoover Institution de l'université californienne de Stanford. "Nous sommes dans une situation où les valeurs et la vision du monde à venir sont aux antipodes."

ats, afp

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