Raison de cette inquiétude: des charges en augmentation de 3,9% par rapport à 2022. Cette progression s’explique notamment par le fait que les charges de personnel bondissent de 4,7%, à 1,45 milliard de francs. En cause notamment: la création, voulue par le parlement, de 46 postes de travailleurs sociaux en milieu scolaire, dont 24 l’an prochain. Le Conseil d’Etat justifie également cette hausse par l’indexation des salaires face à l’inflation galopante, qui pèsera plus de 33 millions de francs dans le ménage cantonal. L’an prochain, les charges dites de consommation vont également prendre l’ascenseur (+13,7 millions).

Au nom de la Commission des finances et de gestion, le socialiste Elias Moussa s’alarme: «Ce budget et les perspectives d’avenir nous inquiètent fortement. Nous notons un bouclement à l'équilibre grâce à des prélèvements très importants sur les fonds et provisions (à hauteur de 200,1 millions de francs, ndlr), des charges salariales qui dépassent la masse fiscale, des rentrées fiscales des personnes physiques qui baissent et une forte dépendance aux revenus de transferts, notamment ceux qui proviennent de la péréquation financière fédérale. A cela s'ajoutent les incertitudes liées à la guerre en Ukraine, au renchérissement et aux difficultés d'approvisionnement en énergie.» 

Un canton de Fribourg de plus en plus dépensier

Le démocrate du centre Stéphane Peiry abonde: «Pour la première fois, le budget de l’Etat dépasse la barre des 4 milliards de francs de charges. Et ce n’est pas forcément quelque chose dont nous pouvons être fiers.» Le député UDC pointe lui aussi du doigt l’important recours aux provisions. «A ce rythme-là, d’ici quelques années, il ne restera plus rien. Et je ne serais pas surpris que nous devions alors en arriver à des mesures d’économie, comme cela avait été le cas en 2013», souligne-t-il encore. De son côté, le ministre des Finances Jean-Pierre Siggen précise: «Ces fonds, nous y prenons de l’argent, mais nous y mettons de l’argent également.»

A noter que le canton prévoit, pour 2023, un volume d’investissements record avec des dépenses brutes de 284 millions de francs (+19% par rapport à l’exercice précédent). Parmi les investissements envisagés: 20 millions de francs pour la Bibliothèque cantonale et universitaire, 18 millions pour le développement d’Agroscope à Posieux et 13 millions pour l’extension de la prison de Bellechasse. Les débats parlementaires se poursuivront mercredi matin.