La Liberté

Edito: derrière le livre de Georges Godel, le procès de la liberté de la presse

Ce vendredi, le journaliste Jean-Marc Angéloz tentera devant le juge de police de la Sarine de faire annuler sa condamnation pour instigation à violation du secret de fonction après la publication de son livre d’entretiens avec Georges Godel. L’éditorial de François Mauron, rédacteur en chef de «La Liberté»

François Mauron, rédacteur en chef de «La Liberté» © Alain Wicht
François Mauron, rédacteur en chef de «La Liberté» © Alain Wicht


François Mauron

Publié le 31.01.2024

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Ce n’est sans doute pas le procès du siècle. Il n’empêche. L’affaire qui sera examinée dès vendredi par la justice fribourgeoise est importante. Selon le Ministère public, le journaliste Jean-Marc Angéloz s’est rendu coupable d’instigation à violations du secret de fonction. Son tort: avoir recueilli les confidences de l’ex-conseiller d’Etat Georges Godel, pour en faire un livre qui a défrayé la chronique il y a deux ans. L’ancien ministre a depuis lors été condamné pour avoir violé le secret de fonction. En revanche, le rédacteur a fait opposition à l’ordonnance pénale qui le visait. Le juge de police devra donc trancher.

Sa décision est attendue, car les enjeux sont considérables. En effet, au-delà de ce cas particulier pointe en filigrane la question de la liberté de la presse. La qualité du livre de Jean-Marc Angéloz est certes discutable. Mais en conduisant une série d’entretiens que Georges Godel a acceptés en connaissance de cause, le journaliste a tout simplement fait son métier. Comme le stipule la Déclaration des devoirs du journaliste, il a recherché la vérité, en raison du droit qu’a le public de la connaître.

Une condamnation de Jean-Marc Angéloz serait un très mauvais signal

A l’ère des fake news, ces nouvelles erronées, voire falsifiées, qui pullulent sur la Toile, les médias ont plus que jamais un rôle de quatrième pouvoir à assumer en fournissant à leurs lecteurs une information de qualité et vérifiée. Pour ce faire, les journalistes ne peuvent pas avoir une épée de Damoclès sur la tête. Dans le respect des règles déontologiques de leur profession, ils doivent pouvoir enquêter, mettre la main sur des documents confidentiels, recueillir des tuyaux auprès de sources fiables et évidemment protégées, sans craindre d’être accusés d’instigation à violations du secret de fonction. Il y va du bon fonctionnement de notre démocratie. Sous cet aspect, une condamnation de Jean-Marc Angéloz serait un très mauvais signal.

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