La Liberté

Infirmiers experts en anesthésie: un niet vécu comme une injustice

Publié le 11.08.2022

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A près de 60 ans, je suis en fin de carrière, mais je soutiens mes collègues infirmiers experts en anesthésie. L’exclusion de la revalorisation salariale décidée par le canton a été un coup dur pour nous tous (La Liberté des 5, 13 et 28 juillet).

C’est difficile pour nous de raisonner en chiffres comme des comptables. Nous nous occupons d’humains. D’ailleurs, les gens en position horizontale pensent rarement aux chiffres… Ils comptent juste les jours avant la sortie. Les patients ont peur de l’anesthésie, de la perte de conscience, beaucoup moins de la chirurgie.

A bien y penser, nous sommes comme des soldats, prêts à aider les collègues aux soins intensifs quand il y a eu les vagues de Covid, à poser les perfusions à l’étage, à aider les médecins anesthésistes en maternité, à courir à droite et à gauche lors des urgences vitales. Mais nous sommes invisibles par nature.

Pendant la période la plus dure de la pandémie, les voisins applaudissaient dans ma rue. J’étais gêné, car je suis timide, mais un jour j’ai enfin ouvert la fenêtre et j’ai fait la courbette comme un acteur au terme du spectacle. Ce travail est passionnant, mais à la fin de la journée, je suis complètement épuisé, comme mes collègues.

Quand j’encadrais des étudiants infirmiers anesthésistes, le leur disais: «Si tu as bien travaillé, le patient ne doit même pas se souvenir de t’avoir rencontré.» C’est peut-être pour cela que les responsables de la revalorisation nous ont oubliés…

Alors pour ces gens, j’ai de la compassion, car peut-être un jour on se regardera dans les yeux et je leur tiendrai la main comme je le fais avec tous mes patients. Oui, ça rassure de tenir la main des patients…

Massimo Castelli, Fribourg

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