La Liberté

La presse romande prudente après l'élection de Guy Parmelin au Conseil fédéral

Revue de presse • La presse romande semble partagée après l'entrée au Conseil fédéral de Guy Parmelin, «compétent» et «fiable» pour les uns, «banal» ou «inflexible» pour les autres. Mais la prudence reste de mise et les différents journaux attendent de voir pour juger.

La spécificité du système politique suisse a, du moins en partie, porté Parmelin, selon la presse (A). © /KEYSTONE/THOMAS HODEL
La spécificité du système politique suisse a, du moins en partie, porté Parmelin, selon la presse (A). © /KEYSTONE/THOMAS HODEL


ATS

Publié le 10.12.2015

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Guy Parmelin, c'est «un choix par défaut, mais un choix tout de même», écrit «La Côte». «Son côté rassurant et 'fréquentable', en tout cas pour la gauche, son bon sens terrien et son enracinement vaudois ont été des arguments décisifs» à son élection, poursuit le journal, saluant le fait que le canton de Vaud et l'arc lémanique ont gagné un défenseur de leurs intérêts économiques au gouvernement.

Même constat pour «24 heures», qui rappelle qu'aucun représentant du plus grand canton romand n'a siégé au Conseil fédéral depuis 17 ans. «Réduire l'élection de M. Parmelin à un hasard de circonstance serait une injustice crasse», poursuit le quotidien: «l'homme est compétent, intelligent, doué d'un sens politique et d'une pâte humaine qui en font un interlocuteur solide, fiable et réfléchi».

Pour «24 heures», l'UDC s'est «fait prendre à son propre jeu» en voulant «forcer le choix» du Zougois Thomas Aeschi. «Avec Guy Parmelin, nous sommes loin des diatribes et des positions extrêmes d'un Christoph Blocher», ajoutent «L’Express/L’Impartial». Le nouvel élu possède «des nuances, une rondeur et une façon de défendre ses idées qui sont de bonne augure pour la cohésion» du gouvernement.

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Les journaux neuchâtelois craignent toutefois que le Vaudois ne soit qualifié de «demi-conseiller fédéral». Ce qui permettrait «aux hommes de Christoph Blocher de poursuivre leur jeu fétiche: être à la fois dans l'opposition et au gouvernement».

De son côté, «L'Agefi» se souvient que, malgré «ses airs d'édile pastoral», le Vaudois s'engage depuis 12 ans au niveau fédéral, engagement «qui n'est donc pas celui du Suisse romand alibi». Selon le quotidien économique, M. Parmelin doit son élection davantage à son expérience comme président de la commission de la sécurité sociale et de la santé qu'à ladite malléabilité de son caractère.

Un élu «inflexible»

«Le choix de l'Assemblée fédérale exprime l'attachement des forces politiques du pays à la concordance arithmétique», analyse pour sa part «Le Quotidien Jurassien». «Il faut y lire une volonté de permettre aux autorités fédérales de travailler dans un climat apaisé», poursuit le journal. En outre, «la désignation de Thomas Aeschi aurait offert une trop belle revanche à Christoph Blocher».

«Guy Parmelin reste un représentant UDC, fidèle au programme de son parti.» «Le Courrier» s'inquiète avant tout de l'équilibre des forces au Conseil fédéral: «avec deux UDC et deux PLR qui s'accordent sur un nombre croissant de sujets, quelle marge restera-t-il aux deux socialistes dans ce collège?», questionne le journal.

La «Tribune de Genève» affirme elle que «l'agriculteur de La Côte n'est pas un visionnaire capable de soulever des montagnes», mais un élu «inflexible sur les essentiels de son parti». Le journal augure d'un remplacement de Mme Sommaruga à la tête du Département fédéral de justice et police (DFJP): on assisterait «à un changement de régime drastique en matière de sécurité et d'immigration, notamment».

«La Liberté» le voit elle plutôt au Département fédéral de l'intérieur (DFI), pour autant qu'Alain Berset accepte de le libérer. D'après le quotidien fribourgeois, «c'est à l'aune de son indépendance d'esprit» - vis-à-vis de son parti qui ne cessera pas son double-jeu entre gouvernement et opposition - que M. Parmelin sera d'abord jugé.

L'énigme Parmelin

Pour «Le Temps», le nouveau conseiller fédéral demeure avant tout une énigme. «Personne ne sait s'il a la capacité de diriger, si ses compétences vont au-delà des assurances sociales», souligne le quotidien lémanique. «La politique suisse a ceci de magique qu'elle permet l'accession au pouvoir de gens relativement banals.»

Raisonnement semblable du côté du Matin: «en Suisse, le système de consensus et l'esprit de clocher partisan empêchent l'élection d'un candidat de haut vol» et «c'est avec «Le Temps» que s'affirment les carrures» ou pas, relève le journal. Il se demande aussi si les Romands n'auront pas perdu au change lorsque partira M. Berset ou M. Burkhalter et que le siège sera repris par la Suisse alémanique.

«Quand les attentes sont si basses, celui qui les porte ne peut, comme disent les voisins vaudois, que décevoir en bien», selon «Le Nouvelliste». «Le vigneron de Bursins est un homme de la terre, bien dans ses bottes. Des bottes dont on ignore pour l'instant la pointure.»

Candidat «le moins pire, faute de mieux» pour certains élus de gauche, qui n'ont pas osé reproduire le scénario de 2007 au moment de l'éviction de Christoph Blocher, Guy Parmelin «risque de devoir très vite tester ses aptitudes à résister aux pressions des siens pour montrer qu'il a l'étoffe de sa nouvelle fonction», écrit «Le Journal du Jura».

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