La Liberté

Un Balkan avec vue sur le monde aux RFI

Publié le 18.08.2022

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Fribourg » Suma Covjek mêle langues et musiques. A voir ce soir aux Rencontres de folklore internationales.

Suma Covjek est un groupe suisse qui plonge ses racines jusqu’en Algérie, jusqu’en Bosnie, jusque dans le plurilinguisme helvétique qui dans sa bouche ne devient plus un concept mais une réalité sonore. Sa musique a des teintes balkaniques, mais elle est nourrie de bien d’autres influences, de world music comme on dit quand on n’arrive pas bien à coller un passeport sur des mélodies. La formation, qui a sorti en début d’année l’album Fata Morgana, est en concert ce soir au Rencontres de folklore internationales de Fribourg, dans le cadre de la soirée «Adriatique», et elle sera également le 3 septembre à Bulle aux Francomanias. Hafid Derbal, l’un des chanteurs du combo, explique comment cet opus est né.

Comment avez-vous écrit ce nouveau disque?
Hafid Derbal: Cet album, qui est sorti le 28 janvier, était planifié pour l’automne 2020. Mais quand nous avons remarqué, au début de l’année 2020, qu’aucun concert ne pourrait se faire avant longtemps, nous avons décidé de prendre le temps. Ces deux dernières années ont encadré beaucoup de textes et beaucoup de discussions, mais nous ne voulions vraiment pas faire un album «corona».
Nous sommes un groupe d’une dizaine de personnes et nous essayons toujours de trouver nos points communs et de nous concentrer sur ce qui nous réunit. Dans ce cadre-là, le titre Fata Morgana et beaucoup d’autres chansons du disque misent sur deux faits. D’abord, nous avons pris cette période comme une pause, comme un temps de contemplation, non seulement pour regarder vers l’avant mais aussi vers le passé, car tellement de personnes autour de nous, que nous connaissons ou non, font tourner ce monde. En ce temps de pandémie, nous avons parlé des emplois avec un enjeu systémique et nous avons remarqué que des métiers comme caissier ou caissière, infirmier ou infirmière, ont des salaires très bas. Nous sommes alors entrés dans ces thématiques sociétales qui sont toujours importantes pour nous. Nous avons également parlé de toutes les personnes qui nous sont chères et auxquelles beaucoup de titres sont dédiés.

Ces idées ont-elles guidé la composition musicale de vos titres?
Nous créons toujours à trois. Nous sommes deux à écrire les textes: Ivica Petrusic, qui vient de la minorité croate de Bosnie et qui est arrivé adolescent en Suisse, ainsi que moi qui suis originaire d’Algérie et qui suis arrivé en Europe quand j’étais adolescent. Ensuite, Manuel Wülser, qui est Argovien, compose les titres. Nous partons toujours d’une idée, d’une thématique qui nous tient à cœur. Nous avons deux ou trois phrases, deux ou trois images, autour desquelles nous voulons construire une chanson. Et bien souvent, l’un d’entre nous se réveille avec une mélodie dans la tête, l’enregistre comme message vocal, l’envoie aux deux autres et Manuel prend le piano, la guitare ou l’ukulélé et commence à jouer avec elle.
Au fur et à mesure, on pose quelques phrases. Chez moi, la plupart des chansons sortent en français parce que c’est ma langue maternelle, mais nous avons aussi quelques titres en arabe, en croate et en bosnien. Ça, c’est le cadre de l’album. Sur scène, nous jouons davantage avec les langues: nous ajoutons du suisse allemand, de l’allemand, de l’espagnol… Cela nous tient à cœur de profiter au maximum de la chance de vivre en Suisse, un pays multilingue, et de pouvoir tenir compte non seulement des langues officielles mais aussi des langues vécues.

Comment avez-vous adapté vos nouveaux titres sur scènes?
Une partie de nos chansons s’oriente à l’original, à ce qui est enregistré sur le CD, mais en concert nous essayons aussi d’intégrer le public, alors que la majorité des personnes ne comprend pas toutes les paroles. Sur scène, nous jouons davantage avec les mélodies, avec les textes: ces chants et cette danse sont notre langue universelle. Nous faisons attention de ne pas être uniquement festifs ou mélancoliques, mais nous essayons de trouver toujours cette image de montagnes russes, avec des parties plus rapides, d’autres plus calmes, pour tenter de faire bouger les âmes, les cœurs et les jambes. C’est autour de cela que nous composons la dramaturgie de notre concert. 
 Je 18 h Fribourg
Place Georges-Python. Aussi le 3.09 à Bulle.

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