La Liberté

Les jeunes pour la neutralité

Selon un sondage, les 18-35 ans sont pour davantage de retenue que leurs aînés

Michael Schneider et Kim de Gottrau

Publié le 20.02.2023

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Guerre en Ukraine » Les jeunes Suisses âgés de 18 à 35 ans se montrent plus critiques que les plus de 55 ans face à l’engagement de la Suisse en faveur de l’Ukraine. Selon l’étude publiée sur le site Internet de Sotomo, 35% des 18-35 ans estiment en effet que la reprise par la Suisse des sanctions de l’UE contre la Russie viole le principe de neutralité. Chez les personnes âgées de 55 ans et plus, ce chiffre n’est que de 22%, selon l’institut de recherche Sotomo.

Au total, 29% des personnes qui ont répondu au sondage estiment que la Suisse a violé sa neutralité en reprenant les sanctions. Douze pour cent pensent «plutôt oui», 10% «plutôt non» et 49% sont d’avis que la neutralité n’a pas été violée. Le sondage a été réalisé par Sotomo pour le compte du SonntagsBlick.

Interrogé sur la différence d’attitude entre les générations, le directeur de Sotomo Michael Hermann explique que ceux qui ont vécu la Guerre froide ont une autre approche de la Russie. L’Union soviétique était alors l’image de l’ennemi. A cela s’ajoute le fait que les personnes âgées utilisent plutôt les médias traditionnels qui se positionnent majoritairement en faveur de l’Ukraine. Les plus jeunes, en revanche, fréquentent plutôt les médias sociaux, ce qui les confronte à d’autres points de vue favorables à la Russie.

Le sondage laisse aussi apparaître que les hommes sont nettement plus nombreux que les femmes à penser que la Suisse devrait s’engager davantage en faveur de l’Ukraine. Ils sont ainsi davantage favorables à ce que la Suisse vende des chars Leopard à l’Allemagne et à la Pologne, afin que ces pays puissent livrer leurs propres chars Leopard à l’Ukraine.

Viola Amherd s’explique

Sur ce sujet justement, lors de la conférence sur la sécurité de Munich, la ministre de la défense Viola Amherd a dû expliquer à différents collègues européens pourquoi, en vertu de sa neutralité, la Suisse ne peut pas autoriser la réexportation de matériel de guerre vers l’Ukraine. Une position non comprise par ses interlocuteurs.

«J’ai eu des entretiens sur ce thème avec des collègues de différents pays européens. J’ai pu expliquer que la Suisse ne peut pas exporter des armes vers un pays en guerre. Ils l’ont bien compris», a-t-elle déclaré dans une interview accordée au journal Le Temps et publiée samedi soir. En revanche, «pour l’interdiction en matière de réexportation, c’est plus difficile. Là, on ne comprend pas la position de la Suisse».

La ministre a indiqué leur avoir expliqué que le sujet est aussi d’actualité en Suisse, parmi les politiciens et la population. «Le Parlement discute en ce moment d’un changement de la loi sur le matériel de guerre. Il y aura peut-être une modification.» Berne a refusé il y a dix jours une demande de réexportation de matériel de guerre suisse de l’Espagne. L’année passée, elle avait aussi rejeté des demandes de l’Allemagne et du Danemark.

Berne soutient l’Ukraine

La ministre a rappelé que la Suisse soutient l’Ukraine par d’autres moyens, comme l’aide ou le déminage humanitaires. Berne a aussi repris toutes les sanctions de l’UE contre la Russie. «Ceci est très apprécié», a-t-elle commenté.

Selon la Valaisanne, «la Suisse doit éviter un isolement». «Nous devrions rester sur le principe d’une reprise des sanctions, comme déjà décidé par le Conseil fédéral», a-t-elle avancé, tout en rappelant que le gouvernement décide au cas par cas.

Concernant l’expulsion de diplomates russes, la conseillère fédérale est restée vague, rappelant qu’il existe plusieurs possibilités d’actions avant l’expulsion. Depuis un an, il y a «plus ou moins» le même nombre de diplomates russes en Suisse, a-t-elle dit, avant d’ajouter qu’«une personne peut être expulsée puis remplacée».

ATS

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