La Liberté

La Suisse va devoir se racheter

Vladimir Petkovic et ses hommes sont déjà dos au mur après leur match nul face au pays de Galles (1-1)

Laurent Ducret

Publié le 14.06.2021

Temps de lecture estimé : 8 minutes

Football » Les beaux discours entretenus depuis des mois n’ont pas trouvé un écho sur le terrain. Samedi, à Bakou, la Suisse a failli lors de son entame à l’Euro 2021 avec un nul (1-1) contre le pays de Galles qui la place déjà dans une situation bien inconfortable.

Attendue mercredi à Rome par une Italie qui a signé vendredi soir contre la Turquie un succès extrêmement convaincant (3-0), la Suisse risque bien d’être condamnée à remporter son dernier match du premier tour dimanche. Elle devra revenir à Bakou pour rencontrer une Turquie qui se sera peut-être refait une santé contre les Gallois. La verve du buteur Kieffer Moore ne doit pas masquer une réalité qui doit faire mal aux oreilles de Vladimir Petkovic: le pays de Galles est bien l’équipe la plus faible de ce groupe A.

Série noire qui dure

«Nous pouvons encore nous qualifier», assurait avec force Vladimir Petkovic juste avant l’envol vers Rome. Le «Mister» est persuadé que son équipe trouvera mercredi un meilleur contexte pour s’exprimer avec ce choc contre une équipe devenue sous la férule de Roberto Mancini très «joueuse». On rappellera toutefois au sélectionneur que l’Italie reste désormais sur une série de 28 matches sans défaite…

Une autre série interpelle: la trop longue période de disette de Haris Seferovic dans les phases finales. Samedi à Bakou, l’attaquant de l’équipe de Suisse est resté «muet» pour la onzième fois de suite. Vladimir Petkovic a sans doute attendu trop longtemps avant de le remplacer à la 84e minute par Mario Gavranovic. Sur la lancée de son triplé contre le Liechtenstein du 3 juin, le Tessinois aurait été le match winner de la Suisse s’il s’était tenu juste quelques centimètres plus haut lors de la remise de la tête d’Embolo à la 85e minute. Mais il serait absurde de faire de Haris Seferovic et aussi de Xherdan Shaqiri, dont la seule action notoire de la rencontre fut son corner vers la tête victorieuse de Breel Embolo à la 49e minute pour l’ouverture du score, les seuls coupables. Porte-voix des ambitions sans limites affichées par l’équipe de Suisse, Granit Xhaka n’a pas livré la marchandise. Le capitaine ne s’est que très rarement projeté vers l’avant malgré l’emprise très nette exercée par la Suisse.

Le coaching de Vladimir Petkovic a encore compliqué les choses. Sortir un Xherdan Shaqiri qui reste malgré tout capable sur un seul geste de forcer la décision à la 66e minute déjà fut un mauvais signal. Les Gallois ont compris que la peur avait gagné les rangs de l’équipe, qui menait pourtant au score. «Je dois aussi penser au match de mercredi», explique Vladimir Petkovic pour justifier ce remplacement inattendu par sa célérité. Le Mister sous-entend que le joueur qui a toujours été décisif lors des trois dernières phases finales que son équipe a disputées n’a pas 90 minutes dans les jambes.

Faut-il ménager Shaqiri?

La question de sa titularisation mercredi à Rome se pose. Ne vaut-il pas mieux ménager le joueur de Liverpool dans l’optique du match contre la Turquie? Si l’on pousse la réflexion plus loin, on peut se demander si une impasse pour le match contre l’Italie ne serait pas judicieuse, dans la mesure où la Suisse sera certaine d’être en huitièmes de finale avec une victoire contre la Turquie dimanche… Bien sûr, un tel choix contredirait le message délivré depuis des mois par le sélectionneur et le capitaine. Mais l’urgence est là. On ne sortira pas de ce groupe par la grande porte mais plutôt par la fenêtre. ATS

Pays de Galles - Suisse 1-1

(0-0) Bakou. Stade olympique: 8000 spectateurs. Arbitre: Turpin (FRA). Buts: 49e Embolo 0-1. 74e Moore 1-1.

Pays de Galles: Ward; Connor Roberts, Rodon, Ben Davies, Mephan; Morrell, Allen, Ramsey (93e Ampadu); Bale, Moore, James (75e Brooks).

Suisse: Sommer; Elvedi, Schär, Akanji; Mbabu, Freuler, Xhaka, Rodriguez; Shaqiri (66e Zakaria); Embolo, Seferovic (84e Gavranovic).

Notes: 85e but de Gavranovic annulé pour hors-jeu.


12 points

vont à Breel Embolo, Attaquant

10 points 

vont À Manuel Akanji, Défenseur

4 points

vont à Fabian Schär, Défenseur

2 points

vont à à Xherdan Shaqiri, Attaquant

Après une première mi-temps désastreuse, à l’image de sa prestation face aux Etats-Unis en match amical, Breel Embolo a bien failli sauver la Suisse à lui tout seul au retour des vestiaires. Sa percée dans l’arrière-garde galloise de la 49e aurait mérité le but. Le Bâlois s’est rattrapé sur le corner suivant en ouvrant le score de la tête. Sa passe pour Mbabu, seul, de la 52e aurait également pu valoir un but si le Genevois n’avait pas autant hésité. Il a manqué un poil de réussite à Embolo, sinon il aurait pu se muer en sauveur de la nation.

Le patron de la défense, c’est lui. Solide face aux assauts de Gareth Bale et de ses coéquipiers, maître de l’anticipation et du placement, il est le gage de sécurité de l’arrière-garde helvétique. Mais ses talents ne s’arrêtent pas là. Le Zurichois est aussi un relanceur précieux. Il est le seul à avoir systématiquement trouvé la profondeur dans le bloc compact des Gallois. C’est d’ailleurs de lui qu’est venue l’action d’Embolo de la 49e amenant le corner qui a donné le 1-0. Si Schär et Elvedi sont remplaçables, Akanji non.

Les suiveurs ont craint que sa blessure au genou du printemps ne pèse trop sur l’assise défensive de la Suisse. Si le Saint-Gallois était bien présent samedi, ce sont ses absences qui ont coûté cher à son équipe. Souvent précieux dans la relance, il a pourtant manqué son premier ballon à la troisième minute, son placement est également coupable sur l’égalisation galloise. On en attendait davantage du joueur de Newcastle lors de ce premier match, surtout face à des joueurs qu’il a l’habitude d’affronter.

Le lutin bâlois a semblé vouloir davantage montrer ses talents individuels que sa capacité à aider l’équipe. C’est lui qui dépose le ballon sur la tête d’Embolo à la 49e et ses coups de pied arrêtés ont été ses seuls faits d’armes. Brouillon dans le jeu, imprécis dans son placement et ses passes, le joueur de Liverpool devra élever son niveau de jeu et surtout se mettre au service de l’équipe. Car Xherdan Shaqiri sera un élément crucial de l’équipe de Suisse en vue de la qualification pour les huitièmes de finale. PB


Coup par coup

Coup de pouce

Quelques heures avant l’entrée en lice de la Suisse, l’équipe de communication de la «Nati» a publié une vidéo sur les réseaux sociaux regroupant les messages de 23 sportifs. Bonne idée, si ce n’est que sur le total, 21 étaient en allemand, un et demi en français (Pat Burgener se la jouant polyglotte) et rien en italien ni en romanche, malgré la présence de… cinq Grisons dans la liste. «Four languages, one nation», disait le slogan de la Suisse à la Coupe du monde 2018. Cette année, la donne est au moins claire, l’équipe de Suisse est germanophone avec Jérémy Desplanches pour la caution latine.

Coup dur

Comme en Super League et dans la plupart des championnats européens, il n’y a pas ou peu de ramasseurs de balles à cet Euro. Les joueurs doivent eux-mêmes aller chercher les ballons, avec parfois un coup de main des officiels. Quand la zone technique fait quasiment la taille du terrain comme à Bakou, il faut un peu d’énergie afin d’aller récupérer le cuir. Ricardo Rodriguez l’a expérimenté à plusieurs reprises sur son flanc gauche. Si le Zurichois a souvent peiné à revenir aider ses coéquipiers derrière, c’est qu’il était sûrement fatigué à force d’aller chercher le ballon sur les bords du terrain. PB

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