La Liberté

Un trop-plein de tout au Giro

Après un bras de fer entre coureurs et organisateurs, l’étape de Crans-Montana a été réduite à 74 km

Publié le 20.05.2023

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Cyclisme » Einer Rubio (Movistar) s’est imposé hier sur les flancs de Crans-Montana. Le grimpeur colombien a battu au sprint ses deux compagnons d’échappée, le Français Thibaut Pinot et l’Equatorien Jefferson Cepeda. Arrivé avec 1’35 de retard en compagnie des autres favoris, le Gallois Geraint Thomas conserve son maillot rose à l’issue d’une journée encore une fois cahoteuse sur le Giro.

Premier grand rendez-vous en montagne de cette 106e édition, cette 13e étape a été en effet rabotée après un bras de fer entre le peloton et les organisateurs, auxquels rien ne semble épargné cette année. Et c’est finalement avec quatre heures de retard sur l’horaire prévu que le peloton s’est élancé à 15 h en direction de Crans-Montana, énième soubresaut d’un Tour d’Italie qui accumule les problèmes depuis le départ le 6 mai.

Météo exécrable

Alors qu’une quarantaine de coureurs, dont le grand favori Remco Evenepoel, ont déjà abandonné à cause du Covid-19 ou d’autres virus, le temps est particulièrement mauvais depuis une dizaine de jours, avec des inondations dramatiques dans le nord de l’Italie qui ont causé la mort d’au moins 14 personnes. Hier matin, il pleuvait à nouveau des cordes au départ, conduisant les organisateurs à repousser l’horaire et le lieu du coup d’envoi. «A cause des conditions météo défavorables, la commission de course a décidé d’accéder à la demande des coureurs d’appliquer le protocole sur les conditions météo extrêmes. La 13e étape sera raccourcie avec le nouveau kilomètre zéro donné au Châble, au pied du col de la Croix-de-Cœur», ont indiqué les organisateurs.

Au lieu d’emprunter le col du Grand-Saint-Bernard, qui devait être le point culminant de ce Giro et qui avait déjà été raboté à cause d’un enneigement trop important, les coureurs, après un transfert en bus, ont donc attaqué directement par la redoutable Croix-de-Cœur (15,4 km à 8,8%).

Descente «scabreuse»

L’étape, qui devait faire 199 km dans sa version déjà raccourcie, ne faisait plus que 74 km, même si la montée finale vers Crans-Montana (13,1 km à 7,2%) était maintenue. Cette décision est le fruit d’un compromis entre les organisateurs de RCS et les coureurs, dont les intérêts ne convergent pas toujours. Pour RCS, il s’agissait de sauver l’étape, pour les coureurs de préserver leur santé.

Selon Adam Hansen, président du syndicat des coureurs, ceux-ci ont voté à plus de 90% jeudi soir pour raccourcir l’étape. Mais pas selon l’itinéraire finalement retenu. Le peloton voulait garder le col du Grand-Saint-Bernard, où le temps était effectivement plutôt clément hier, et zapper la Croix-de-Cœur. Le Giro a finalement fait hier une contre-proposition que le peloton a acceptée. «C’est une bonne décision si on veut arriver à Rome avec au moins 50 coureurs (sur les 176 au départ, ndlr)», a estimé le maillot rose britannique Geraint Thomas.

Mais il restait des doutes concernant notamment la descente de la Croix-de-Cœur dont le revêtement avait été signalé en très mauvais état. «J’ai des amis qui y sont allés hier (jeudi, ndlr), j’ai vu quelques photos, ça a l’air assez scabreux», a commenté le Français Aurélien Paret-Peintre. «La préoccupation des coureurs portait surtout sur la descente de la Croix-de-Cœur qui est potentiellement dangereuse. Je ne comprends pas ce compromis», a déploré pour sa part l’Australien Jack Haig.

Un délabrement général

Certains coureurs désapprouvaient même la décision de raccourcir l’étape tout court, à l’image de l’Italien Gianni Moscon: «Oui, la météo est mauvaise, oui, on est fatigués. Mais l’étape pouvait être courue et ceux qui voulaient s’arrêter pouvaient le faire. Personne ne nous oblige à être cyclistes.»

Mauro Vegni, le directeur du Giro, qui dit «regarder le ciel tous les matins en ce moment», a défendu une position d’équilibre. «Le Giro est cette année dans une situation particulière et on doit protéger les athlètes pour qu’ils arrivent à Rome. C’est pourquoi on a voulu répondre un peu à leurs demandes tout en préservant le caractère sportif de l’étape», a-t-il plaidé.

La décision n’était pas basée uniquement sur les conditions météo du jour, mais aussi sur l’état de délabrement général dans lequel se trouve le peloton. Hier matin, un 41e coureur a abandonné sur maladie, le Danois Mads Pedersen, champion du monde 2019. «Il y a un trop-plein de tout. La pluie, le froid, tout le monde est carbonisé alors qu’on n’a même pas commencé la montagne», a résumé Thibaut Pinot, finalement 2e d’une étape qui fera encore couleur beaucoup d’encre.

Aujourd’hui, la 14e étape partira de Sierre pour rejoindre Cassano Magnago sur 193 km. Seule difficulté notoire, le franchissement du col du Simplon dont le sommet (2004 m) est situé à près de 150 km de l’arrivée. ATS/AFP

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