La Liberté

Le Londonien branché se fait un nom

Après des débuts sur la piste, Tao Geoghegan Hart s’est vite tourné vers la route. Un choix judicieux

Publié le 26.10.2020

Temps de lecture estimé : 6 minutes

Cyclisme » Tao Geoghegan Hart, jeune Londonien branché aux ascendances écossaises et irlandaises, est devenu hier le deuxième Britannique au palmarès du Giro, deux ans après son aîné Chris Froome.

Tao – à prononcer Tayo, qui veut dire «silence» en gaélique – s’inscrit à merveille dans le croisement des influences de Londres, la métropole branchée, même s’il est établi depuis plusieurs années à Gérone, en Catalogne.

Passionné de café

Par sa dégaine, sa couleur de cheveux qui tire sur le roux, son aisance et son sens de la répartie, bien plus que par son profil technique, il se rapproche d’un autre Londonien, Bradley Wiggins, premier Anglais vainqueur du Tour de France en 2012. Par son penchant pour les modes du moment aussi: passionné de café, il voyage avec son percolateur personnel et disserte à l’infini, sur son site internet, sur la nature des grains et des filtres utilisés.

A 25 ans, Geoghegan Hart incarne à merveille le cyclisme «tendance» du monde anglophone, intéressé par la compétition et les nouvelles formes de business qui l’accompagnent.

Aîné d’une fratrie de cinq enfants, le vainqueur du Giro 2020 a grandi à Hackney, un quartier situé à l’est de la capitale. Son père, un maçon aux origines mi-irlandaises mi-écossaises, travaille d’arrache-pied. Lui touche à différents sports, le football évidemment, la natation aussi. A 13 ans, il est le plus jeune élément d’un relais qui a traversé la Manche à la nage.

Têtu et perfectionniste

Mais il choisit le cyclisme, un sport qui permet dans les jeunes catégories de ne pas dépendre des autres, au sein du Hackney Cycling Club Keir Apperley, son premier club.

Son caractère têtu et perfectionniste est remarqué. «Nous nous sommes occupés de lui quand il était junior en lui fournissant des vélos, mais aussi un job le samedi dans le magasin pendant l’hiver, pour qu’il ait un peu d’argent», a raconté au Guardian Greg Needham, du fabricant de cycles Condor. «On savait qu’il avait quelque chose: il était supermotivé et concentré.»

Geoghegan Hart, dont le patronyme s’explique par son ascendance irlandaise, tâte de la piste comme tout bon espoir britannique. Il préfère cependant la route, quitte à s’éloigner momentanément de la filière grande ouverte devant lui après des premiers résultats prometteurs (médaillé d’argent aux championnats d’Europe juniors).

C’est dans l’équipe d’Axel Merckx, grand découvreur de talents, qu’il entre en 2014 dans la catégorie espoirs. Deux ans plus tard, il passe stagiaire chez Sky et intègre complètement l’équipe de Dave Brailsford en 2017. Dans un rôle d’appoint pour commencer, mais il se fait vite remarquer.

En 2018, il contribue grandement à la victoire du Gallois Geraint Thomas dans le Dauphiné. Il participe la même année à son premier grand tour, la Vuelta, découvre le Giro l’année suivante (clavicule fracturée et abandon à la 13e étape), quelques jours après avoir gagné deux étapes au Tour des Alpes, et revient en 2020 avec ardeur sur le Tour d’Italie.

«J’ai vraiment aimé le Giro», disait-il en début d’année à la lumière de l’édition 2019 gagnée par l’Equatorien Richard Carapaz. «Il y a beaucoup plus d’opportunités qu’au Tour de France», ajoutait-il. L’histoire lui a donné raison. «Au départ, je n’aurais jamais imaginé gagner ce Giro, même en rêve. J’espérais peut-être être le top 10 ou le top 5 d’une course comme le Giro. Je vais mettre du temps à réaliser», a avoué le Britannique après son triomphe. ATS/AFP

Les classements

Tour d’Italie. 20e étape, Alba - Sestrières, 190 km: 1. Tao Geoghegan Hart (GBR/Ineos) 4h52’45’’. 2. Jai Hindley (AUS) m.t. 3. Rohan Dennis (AUS) à 25’’. 4. Joao Almeida (POR) à 1’01’’. 5. Andrea Vendrame (ITA) à 1’34’’. 6. Einer Augusto Rubio (COL) à 1’35’’. 7. Pello Bilbao (ESP). 8. Wilco Kelderman (NED), tous m.t. 9. Attila Valter (HUN) à 1’48’’. 10. James Knox (GBR) à 2’00’’. 11. Vincenzo Nibali (ITA) à 2’02’’. Puis: 18. Jakob Fuglsang (DEN) à 2’36’’. 73. Kilian Frankiny (SUI) à 27’45’’. 75. Simon Pellaud (SUI). 79. Danilo Wyss (SUI), tous m.t.

21e étape, contre-la-montre Cernusco sul Naviglio - Milan, 15,7 km: 1. Filippo Ganna (ITA/Ineos) 17’16’’ (54,566 km/h). 2. Victor Campenaerts (BEL) à 32’’. 3. Rohan Dennis (AUS) m.t. 4. Joao Almeida (POR) à 41’’. 5. Miles Scotson (AUS) m.t. 6. Josef Cerny (CZE) à 44’’. 7. Chad Haga (USA) m.t. 8. Brandon McNulty (USA) à 46’’. 9. Kamil Gradek (POL) à 47’’. 10. Jan Tratnik (SLO) m.t. 11. Wilco Kelderman (NED) à 55’’. Puis: 13. Tao Geoghegan Hart (GBR) à 58’’. 24. Pello Bilbao (ESP) à 1’16’’. 30. Vincenzo Nibali (ITA) à 1’27’’. 31. Jakob Fuglsang (DEN) à 1’28’’. 38. Jai Hindley (AUS) à 1’37’’. 65. Kilian Frankiny (SUI) à 2’07’’. 90. Danilo Wyss (SUI) à 2’35’’. 121. Simon Pellaud (SUI) à 3’15’’. 133 coureurs au départ et classés.

Classement général final: 1. Tao Geoghegan Hart (GBR/Ineos) 85h40’21’’. 2. Hindley à 39’’. 3. Kelderman à 1’29’’. 4. Almeida à 2’57’’. 5. Bilbao à 3’09’’. 6. Fuglsang à 7’02’’. 7. Nibali à 8’15’’. 8. Patrick Konrad (AUT) à 8’42’’. 9. Fausto Masnada (ITA) à 9’57’’. 10. Hermann Pernsteiner (AUT) à 11’05’’. Puis: 61. Ganna à 3h03’16’’. 71. Pellaud à 3h28’32’’. 77. Frankiny à 3h45’21’’. 84. Wyss à 4h03’24’’.

Classements annexes. Aux points: 1. Arnaud Démare (FRA) 233. 2 Peter Sagan (SVK) 184. 3. Almeida 101. Puis: 8. Pellaud 70.

Meilleur grimpeur: 1. Ruben Guerreiro (POR) 234. 2. Geoghegan Hart 157. 3. Thomas de Gendt (BEL) 122.

Meilleur jeune: 1. Geoghegan Hart 85h40’21’’. 2. Hindley à 39’’. 3. Almeida à 2’57’’.

Par équipes: 1. Ineos Grenadiers (GBR)/Geoghegan Hart) 257h15’58’’. 2. Deceuninck-QuickStep (BEL/Almeida) à 22’32’’. 3. Sunweb (GER/Hindley, Kelderman) à 28’50’’.

Sprints intermédiaires: 1. Pellaud 78. 2. De Gendt 56. 3. Marco Frapporti (ITA) 44.


Un duel final vite réglé

La 21e étape, un contre-la-montre de 15,7 kilomètres, est revenue à l’Italien Filippo Ganna, champion du monde de la discipline qui a enlevé les trois chronos de ce Giro 2020. Ganna, vainqueur à plus de 54 km/h de moyenne, a apporté un septième succès à la formation britannique Ineos qui a remporté le tiers des étapes de l’épreuve malgré l’abandon dès le troisième jour de course de son chef de file, le Gallois Geraint Thomas. Entre le Britannique Tao Geoghegan Hart (Ineos) et l’Australien Jai Hindley (Sunweb), à égalité de temps au départ des 15,7 kilomètres, le suspense n’a duré que quelques instants. Hindley, qui portait le maillot rose, avait déjà lâché 22’’au pointage intermédiaire, après 10,3 kilomètres… ATS

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