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Shadow & Bone, entre émerveillement et déception

L’article en ligne – Série » Bien que divertissante, la dernière série de fantasy de Netflix est en-deçà des attentes.

Alina et le général Kirigan au Little Palace. © Netflix
Alina et le général Kirigan au Little Palace. © Netflix
Les « Crows » sont l’une des forces de la série Shadow & Bone. © Netflix
Les « Crows » sont l’une des forces de la série Shadow & Bone. © Netflix

Kessey Dieu

Publié le 16.05.2021

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Adaptée des romans jeunesse de Leigh Bardugo (trilogie Grisha et duologie Six of Crows), la série Shadow & Bone suit l’histoire d’Alina Starkov (Jessie Mei Li), cartographe orpheline engagée dans l’armée de Ravka. Alors que son ami d’enfance Malyen Oretsev (Archie Renaux) manque de perdre la vie au cours d’une expédition dans le Fold, nappe de ténèbres grouillant de créatures voraces, la jeune soldate se découvre des pouvoirs. Elle est l’Invocatrice de lumière, celle qui pourra délivrer Ravka du Fold, qui déchire le royaume depuis des siècles. Le général Kirigan (Ben Barnes) la prend alors sous son aile et l’emmène au Little Palace, lieu où sont formés les Grishas, êtres dotés de facultés magiques. Mais cette nouvelle vie n’est pas de tout repos pour notre apprentie Grisha, dont la tête est mise à prix...

À sa sortie en fin avril, la dernière production fantasy de Netflix a fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause : l’univers imaginé par Leigh Bardugo est d’une richesse et d’une complexité. Avec d’une part ses Grishas, ces « magiciens » capables de manipuler les organismes humains ou les éléments, comme l’air ou le feu, et d’autre part ses diverses contrées fictives, telles que Ravka, inspirée de la Russie tsariste, ou Ketterdam, cité marchande basée sur les Provinces-Unies, il ne peut qu’intriguer. Mais malgré cette toile de fond, où se mêlent à la fois magie, guerre et politique, la série créée par Eric Heisserer se révèle plutôt décevante. Explications.

Alina est une héroïne qui manque cruellement de saveur. Pas assez entreprenante, trop naïve, elle peine à marquer les esprits. À part ses pouvoirs, difficile en effet de dire ce qui la distingue des autres. Pourtant, la série aurait pu la rendre plus intéressante en revenant sur ses origines mi-shu (peuple inspiré de l’Asie de l’Est contre lequel Ravka est en guerre), mentionnées au début de l’histoire, ou en développant davantage sa formation au Little Palace. Bien que sa dynamique avec son mentor Baghra (Zoë Wanamaker) fût bonne, on aurait aussi aimé la voir interagir davantage avec ses camarades magiciens, par exemple à travers des scènes de combat, afin d’avoir un aperçu plus vaste des autres types de pouvoirs. Le contexte géopolitique, notamment les tensions entre Ravka-Est et Ravka-Ouest, aurait également mérité plus d’approfondissements. Cela aurait permis de mieux comprendre les enjeux liés à la destruction (ou au maintien) du Fold. Car l’un des hics de la série, c’est aussi le flot d’informations nouvelles non expliquées. Entre les termes à consonance russe, le nom des différents territoires et les tas de personnages, il n’est pas toujours évident de tout suivre lorsque les choses sont uniquement survolées.

Heureusement, Shadow & Bone a aussi du bon. On retiendra son trio de malfrats, mené par l’intrigant Kaz Brekker (Freddy Carter). Même s’ils n’échappent pas aux répliques mièvres typiques des récits pour adolescents, les « Crows », comme on les surnomme, sauvent la série. Une mention particulière doit être faite au tireur d’élite Jesper Fahey (Kit Young), doté d’une personnalité tout à fait charmante. Sur le plan visuel, Shadow & Bone est un véritable bijou. Les costumes et décors sont tout simplement somptueux. Bas-fonds de Ketterdam, Little Palace de Ravka, forêts enneigées de Fjerda (région inspirée de la Scandinavie), chaque lieu dispose d’une ambiance qui lui est propre. Enfin, les scènes d’action (échanges de coups de feu, lancers de couteaux, magie), de même que les effets spéciaux, valent aussi la peine d’être visionnés.

Verdict ?
Avec une héroïne aussi insipide pour une œuvre à l’univers aussi ingénieux, on ne peut être que déçu, surtout lorsqu’on réalise que l’histoire aurait pu être meilleure si certaines scènes, uniquement survolées, voire carrément délaissées, avaient été mieux développées. Malgré tout, Shadow & Bone parvient à tirer son épingle du jeu grâce à son trio de bandits attachants, ainsi qu’à ses magnifiques décors et costumes. On espère que les choses prendront une tournure plus politique et que les personnages gagneront davantage en substance à la saison 2, si saison 2 il y aura !


 

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