La Liberté

La révolte en musique

Daniel Kuda, jeune chanteur âgé de 23 ans, a fui l’Eglise évangéliste de son Zimbabwe natal pour vivre pleinement sa musique et ses amours à Fribourg

Daniel Kuda enregistre ses chansons au sein du Relief Studio, à Belfaux. © Héloïse Hess
Daniel Kuda enregistre ses chansons au sein du Relief Studio, à Belfaux. © Héloïse Hess

Kaziwa Raim

Publié le 15.03.2021

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Portrait » «Ce qui inspire ma musique, ce sont mes expériences», raconte Daniel Kuda. Né dans une communauté très religieuse du Zimbabwe, son premier contact avec le chant se fait au sein du chœur de l’Eglise évangéliste dont sa famille fait partie. C’est à ce moment-là que Daniel tombe amoureux de la musique et se met à composer ses propres textes: «Je n’étais autorisé qu’à créer des morceaux de gospel, mais je composais des chansons personnelles en cachette.»

Dans ses textes, le jeune homme révèle un lourd secret qui l’habite: «J’ai toujours su que j’étais attiré par les hommes, mais je n’osais rien dire par peur de la réaction de mon entourage.» Une crainte qui peut se comprendre, l’homosexualité étant illégale au Zimbabwe, du fait de lois datant des périodes de colonisation rhodésienne et britannique. De plus, l’Eglise évangéliste de sa communauté condamne fermement les relations homosexuelles. Malgré les dangers qu’il encourt, Daniel entretient une relation amoureuse secrète avec un homme, jusqu’au jour où sa famille découvre le pot aux roses. «Quand mes proches l’ont appris, ils m’ont fait subir pendant des jours toutes sortes de tortures physiques et morales», rapporte Daniel, ajoutant qu’ils sont allés jusqu’à le soumettre à l’exercice d’un exorcisme public. «Evidemment, ça n’a rien changé: l’orientation sexuelle n’est pas un choix», rappelle-t-il.

«J’ai toujours su que j’étais attiré par les hommes, mais je n’osais rien dire par peur de la réaction de mon entourage.»
Daniel Kuda

Si l’envie de fuir est très forte, le jeune homme n’a malheureusement pas d’autre option que de subir les maltraitances répétées de sa communauté pendant des années, faute de moyens. Ce n’est qu’à l’âge adulte que le passionné de chant rassemble suffisamment d’argent pour s’enfuir en Afrique du Sud, où il rencontre son compagnon actuel, un Fribourgeois. Très amoureux, le couple décide de s’installer en Suisse.

Cœur de rebelle

Installé à Fribourg depuis quelques années, Daniel se consacre désormais pleinement à la musique. Il interprète des morceaux tendances de pop dans ses vidéos TikTok, dont certaines ont été visionnées jusqu’à 800 000 fois! Cependant, désireux de faire passer un message plus personnel et le cœur encore lourd de ses traumatismes, l’artiste décide de transcender son passé au travers de sa plume et de sa voix.

«Pour composer un morceau, j’ai besoin de l’avoir vécu dans ma chair», explique-t-il. «Aujourd’hui, j’écris depuis la perspective d’une personne issue de la communauté LGBTQIA+ qui se sent reconnaissante d’avoir la liberté de pouvoir vivre pleinement son amour sans craindre pour sa vie.» Daniel compose alors un single original intitulé Rebel Heart – littéralement «cœur (de) rebelle» –, publié sur Spotify. «Cette chanson raconte non seulement ma révolte et mon combat, mais elle encourage également toute personne qui se sent à l’étroit à se rebeller et à se battre pour accéder à son bonheur», encourage l’artiste.

Retrouvez tous les sons de Daniel sur Spotify.

 

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