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Là-haut sur la montagne

Depuis plus d’un siècle, les ouvriers d’alpage profitent de la venue d’enfants pour les épauler pendant l’été

Le 13 Juillet 2021 s’est déroulée la dernière cérémonie de remise de diplômes des filles et garçons de chalet. © Christophe Overney
Le 13 Juillet 2021 s’est déroulée la dernière cérémonie de remise de diplômes des filles et garçons de chalet. © Christophe Overney

Yvan Pierri

Publié le 25.10.2021

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Société » Le 3 juillet 2021, une dizaine de jeunes sont devenus les heureux détenteurs d’un diplôme de filles et garçons de chalet. Remis par la Société des armaillis de la Gruyère, ce diplôme est décerné chaque été à des jeunes âgés de 13 à 17 ans pour les récompenser d’avoir aidé un exploitant d’alpage pendant deux saisons.

Si la Société des armaillis a décerné les premiers diplômes dans les années 50, la tradition des garçons de chalet est bien plus ancienne: «Dans le temps, un enfant était placé par ses parents pour ramener un salaire à la famille. C’était un apport financier important, maintenant c’est une expérience de vie», explique Christophe Overney, ancien secrétaire de la Société des armaillis et actuel parrain des filles et garçons de chalet. Son rôle consiste traditionnellement à apporter des aides financières et à s’assurer de la présence des enfants dans les alpages.

Fierté de la tradition

Pour obtenir leur diplôme, les enfants se doivent de trouver un alpage dont l’exploitant ou le propriétaire est membre de la société: «Les enfants sont souvent de la même famille que les exploitants», précise Pascal Yerly, président de la Société des armaillis. «Le but de ce diplôme, c’est de leur apprendre ce que c’est la vie d’alpage et le travail», ajoute-t-il. Adrienne Schouwey, 15 ans, a obtenu son diplôme en 2018 et a appris à traire les vaches, nettoyer les écuries ou encore désherber les talus dans le chalet de ses parents: «Il n’y a ni réseau, ni télévision. On est un peu coupés du monde et on n’a que du feu pour se chauffer. Mais c’est surtout une formidable expérience où on apprend beaucoup de choses», se réjouit la jeune fille de chalet.

Le temps passé au chalet représente également une entrée en matière pertinente pour qui veut se lancer dans les métiers de la terre. Lucien Castella, 14 ans, qui se rend à l’alpage des Audèches en compagnie de son frère Emile depuis six ans, confirme: «Moi, je veux faire paysan, donc j’aime vraiment bien aller là-bas!» Ils se lèvent à la première heure pour aider au démoulage du fromage de la veille. «On porte les bidons pendant la traite. L’après-midi, on va épierrer le talus», détaille le jeune aspirant agriculteur.

Le diplôme n’est pas reconnu au-delà de la Société des armaillis mais possède selon Christophe Overney une grande valeur symbolique, et il est le témoin de la survivance des traditions: «Le diplôme sert à valoriser toute cette activité agricole. Montrer qu’il y a de la dignité dans cette tradition et qu’il ne faut pas s’en gêner. Ça conserve nos traditions et les tient éloignées du folklore!» Une note d’intention qui fait parfois écho aux désirs de certains armaillis en herbe: «Il y a bien des machines à traire pour les chèvres, mais je préfère le faire moi-même», sourit Emile, qui se maintient fermement inscrit dans la tradition.

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