La Liberté

L’humour au féminin

Camille Carron, 25 ans, écume les scènes romandes pour perfectionner ses talents d’humoriste féministe dans un milieu encore très masculin

Contrairement aux apparences, Camile Carron sait faire rire, elle dont l’humour s’aventure très volontiers au-delà du deuxième degré. © Camille Carron
Contrairement aux apparences, Camile Carron sait faire rire, elle dont l’humour s’aventure très volontiers au-delà du deuxième degré. © Camille Carron

Elsa Rohrbasser

Publié le 25.06.2022

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Portrait » Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Camille Carron a toujours aimé la scène: «J’ai longtemps fait de l’improvisation et du théâtre», explique la Valaisanne de 25 ans, expatriée à Fribourg pour réaliser un master en sciences sociales. Et rapidement, elle s’est tournée vers l’humour, en expérimentant tout d’abord la vidéo: «J’ai fait des vidéos humoristiques sur Facebook, Instagram ou Tiktok. J’étais assez introvertie, mais l’humour a très vite été un outil que j’ai utilisé pour sociabiliser», confie-t-elle.

Encouragée par ses proches, elle se lance sur scène il y a deux ans en s’essayant au stand-up, moyen d’expression qu’elle affectionne et qui lui permet de proposer un contenu engagé: «Je n’ai pas peur de déranger. Je ne fais pas de mon féminisme ma ligne directrice, mais si je peux avoir des discours militants qui questionnent, c’est toujours un plus», explique-t-elle. Peu attachée au dicton assurant que «l’on peut rire de tout», Camille s’interdit l’usage d’un humour oppressif: «Avoir un humour raciste, homophobe ou transphobe, ça ne m’intéresse pas du tout et ça va à l’encontre de mes valeurs. Je préfère rire de moi-même, là au moins je suis sûre de n’offenser personne!»

@camillecarron

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♬ son original - Camille Carron

Les épaules solides

Malgré des premiers pas enthousiasmants, Camille témoigne toutefois de la difficulté à se sentir légitime face à un public: «Je me demande si ce que je propose est intéressant, si c’est véritablement drôle.» A cela s’ajoute le constat d’un milieu majoritairement masculin: «La question de la légitimité revient surtout quand on est une femme, parce que le stand-up est un milieu très masculin. On a beaucoup intériorisé ce fait social des femmes qui doivent être dans la retenue, dans la discrétion, surtout dans l’espace public. Les hommes ont beaucoup plus l’habitude d’avoir la parole», explique Camille. «Les femmes osent moins, et la réception est toujours plus compliquée. Il n’y a qu’à voir sur les réseaux sociaux: dès qu’une femme fait de l’humour, elle est facilement décrédibilisée, moquée ou prise pour une idiote, alors que c’est systématiquement plus pertinent et drôle lorsque cela vient d’un homme», ajoute-t-elle.

« Je préfère rire de moi-même, là au moins je suis sûre de n’offenser personne!»
Camille Carron

La jeune femme parle d’expérience puisque, après avoir posté sur Facebook une vidéo satirique ayant été vue plus de 300 000 fois à propos d’une votation de l’UDC, Camille s’est fait railler et a été taxée de «petite idiote ne comprenant rien à la politique». Le milieu de l’humour nécessite donc d’avoir les épaules solides… un défi qui ne semble pas l’intimider.

Camille enchaîne actuellement les petites scènes pour se faire la main, mais elle voit plus grand: «J’aimerais bien un jour avoir un spectacle à moi. Mais là je dois d’abord me familiariser avec la scène, avec le public. Et je dois aussi terminer mes études», conclut-elle.

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