La langue de l’exil
Temps de lecture estimé : 1 minute
Agota Kristof » Disparue il y a dix ans, elle était l’une des voix puissantes de la littérature d’expression française. Langue pourtant considérée en ennemie, qu’elle affrontera jusqu’à son inoubliable «trilogie des jumeaux». Une bagarre avec le langage qu’Agota Kristof a mis en scène dans L’Analphabète, un récit aujourd’hui réédité, dont l’épure ni la brièveté ne le cèdent à la profondeur.
Bouquet ténu d’éclats autobiographiques, qui remonte à l’enfance hongroise et à cette «maladie inguérissable» de la lecture qui atteint la jeune fille de 4 ans. Sont ensuite égrenées les stations du chemin de croix de l’exil: la fuite à 21 ans avec dans une main un sac de langes et dans l’autre un sac de dictionnaires, l’arrivée dans ce «désert» helvétique, enfin les années à l’usine et cette «longue lutte acharnée» pour conquérir la langue neuve. «Défi d’une analphabète» qu’elle tentera durant sa vie entière, dans son style remarquablement lapidaire, de relever. Son art poétique est un a