Jaccottet, avec figure absente
Le poète vaudois s’en est allé. Reste l’œuvre, de clair et d’obscur, parmi les plus ardentes de son temps
Thierry Raboud
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Hommage » Le voilà revêtu de cette ultime vertu, de cette disposition que l’on présume à tous les poètes magistraux – être mort. Philippe Jaccottet, disparu mercredi à l’âge de 95 ans, ne nous aurait pas tenu rigueur de cette bravade liminaire, tant l’œuvre, célébrée, «pléiadisée» mais surtout lue, instillait par sa stature même le doute que son auteur fût vivant. Si extraordinairement vivant. «J’étais persuadé (on aurait pu me couper un doigt!) que les poètes avaient disparu», ironisait ainsi Amaury Nauroy à l’heure de faire le récit de ses visites au grand homme, de dépeindre le mythe en ses petits à-côtés. «Je m’étonne qu’aucun photographe n’ait pensé à le saisir de retour du marché, son sac de poi