Les premières heures de la vie à deux
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Ils avaient l’air heureux, transportant à travers les rues de Fribourg un yucca fraîchement sorti de la pépinière comme eux, sans doute, du célibat. Ça sentait l’installation à plein nez, les premières heures de la vie à deux où la pudeur verrouille la porte des W-C, où l’on ne confond pas encore les tiroirs à chaussettes et les brosses à dents, où l’on mijote longuement des plats légers que l’on déguste en tête à tête sous une lumière tamisée. Il règne alors une atmosphère de discrète séduction qui bannit la téléréalité du programme et le gorgonzola de la liste de courses. Et puis il y a nous, arrêtés au passage piéton: six ans de vie commune, des centaines de plats de pâtes au beurre gobés devant Koh Lanta, trop occupés à chercher en vain la clé des «chiottes» égarée depuis quatre ans pour songer à arroser notre bon vieux yucca oublié depuis Noël 2018. Nous leur lançons un regard tout à la fois ému et condescendant, à elle, lui, et leur malheureux arbuste qui ne se doute pas du so