Le mot de la fin

Ma maman ne s’énerve pas souvent, et quand ça lui arrive, elle évite de prononcer des gros mots. Quand elle n’en peut plus, que le monde la met en rage, ses «meerr» se finissent par «credi». Elle dit «mince» aussi, ou «zut», enfin des mots qui n’auraient même pas effrayé une bigote de jadis.

Son calme et sa rationalité furent, je dois le dire, les bases d’une enfance confortable. Lorsque je commettais une bêtise, je savais précisément à quelle sauce j’allais être mangé… Du moins quand ne survenait pas mon père, tout de verve et d’imprévisibilité. Mon père qui, pour des faits similaires, oscillait entre la bonne engueulade et le franc éclat de rire.

Donc, maman est polie et mesurée, mais aussi d’une étonnante fiabilité. Moi qui cherche quotidiennement mes clés, mon portable, et de la monnaie dans mes multiples poches, je m’étonne encore qu’elle ne m’ait pas laissé un peu plus de patrimoine génétique. Car maman n’oublie rien, ni la prise de médicaments ni