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Un parasite du loup pourrait dicter le choix du chef de la meute

Un loup infecté a onze fois plus de chances qu'un loup non infecté de quitter sa meute, ce qui est caractéristique d'une plus grande propension à prendre des risques (archives). © KEYSTONE/AP U.S. Fish and Wildlife Service/GARY KRAMER
Un loup infecté a onze fois plus de chances qu'un loup non infecté de quitter sa meute, ce qui est caractéristique d'une plus grande propension à prendre des risques (archives). © KEYSTONE/AP U.S. Fish and Wildlife Service/GARY KRAMER


Publié le 29.11.2022


Les loups infectés par un banal parasite ont beaucoup plus de chances de s'imposer comme chef de leur meute, selon une étude. Cette dernière suggère que l'intrus, qui colonise le cerveau, pousse son hôte à prendre des risques.

Toxoplasma gondii, un parasite unicellulaire, se reproduit uniquement chez les chats et les félins, mais peut infecter n'importe quel animal à sang chaud. Entre 30 et 50% des humains sont infectés par le parasite, qui y subsiste sa vie durant sous forme de tissu dormant. Le système immunitaire humain empêche généralement l'apparition de tout symptôme.

Des études ont établi une relation entre sa présence dans le cerveau humain et un accroissement des comportements à risques et des agressions. D'autres ont contesté l'existence d'un tel lien.

L'étude publiée jeudi dans la revue scientifique Communications Biology repose sur 26 années d'observation de loups gris dans le parc national américain du Yellowstone. Les chercheurs du Yellowstone Wolf Project (Projet Loup du Yellowstone) ont analysé les prélèvements sanguins de 230 loups et 62 cougars. Ces derniers sont connus pour diffuser le parasite dans leurs interactions avec les loups.

Mise en danger accrue

Leurs recherches ont établi qu'un loup infecté a onze fois plus de chances qu'un loup non infecté de quitter sa meute, ce qui est caractéristique d'une plus grande propension à prendre des risques. Et un loup infecté a 46 fois plus de chances de devenir chef de la meute, selon l'étude qui rappelle que ce rôle échoit normalement à l'individu le plus agressif et le plus aventureux.

Ces trois conclusions font "la démonstration rare d'une infection parasitaire influençant le comportement dans une population sauvage de mammifères", selon l'étude.

"Etre plus intrépide n'est pas en soi une chose mauvaise, mais cela peut raccourcir l'existence des animaux, car leurs décisions peuvent plus souvent les mettre en danger", a expliqué à l'AFP Kira Cassidy, coauteure de l'étude.

Une autre étude parue l'an dernier avait conclu qu'un comportement plus audacieux, induit par le parasite, chez de jeunes hyènes au Kenya les rendait plus susceptibles d'approcher des lions et de se faire croquer.

Chez l'humain, le parasite affecte avant tout les personnes immunodéprimées et cause la toxoplasmose, une maladie pouvant endommager le cerveau et les yeux. L'infection intervient généralement par l'absorption de viande trop crue ou via les soins apportés à son chat, notamment en nettoyant sa litière.

ats, afp

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