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Un ancien procureur fédéral extraordinaire critique la justice

Ancien procureur fédéral extraordinaire dans l'affaire FIFA, Stefan Keller a remis son mandat en mai suite à une décision du Tribunal pénal fédéral (archives). © KEYSTONE/URS FLUEELER
Ancien procureur fédéral extraordinaire dans l'affaire FIFA, Stefan Keller a remis son mandat en mai suite à une décision du Tribunal pénal fédéral (archives). © KEYSTONE/URS FLUEELER
Ancien procureur fédéral extraordinaire dans l'affaire FIFA, Stefan Keller a remis son mandat en mai suite à une décision du Tribunal pénal fédéral (archives). © KEYSTONE/URS FLUEELER
Ancien procureur fédéral extraordinaire dans l'affaire FIFA, Stefan Keller a remis son mandat en mai suite à une décision du Tribunal pénal fédéral (archives). © KEYSTONE/URS FLUEELER


Publié le 09.08.2021


L'ancien procureur fédéral extraordinaire Stefan Keller a remis son mandat en mai suite à une décision du Tribunal pénal fédéral (TPF). Dans une interview, il reproche au TPF et au Ministère public de la Confédération (MPC) de l'avoir désavoué.

Le Tribunal pénal fédéral l'a délibérément mis hors jeu en rendant un jugement sans appel dans l'enquête contre le président de la FIFA Gianni Infantino, indique M. Keller dans une interview publiée lundi dans la NZZ. Il accuse les trois juges de partialité. Deux des trois magistrats appartiennent à l'UDC zurichoise, tout comme le défenseur de M. Infantino, fait-il valoir.

M. Keller explique qu'il était dans leur intérêt de le "mettre au placard" car ses enquêtes concernaient également des juges de Bellinzone. Les membres du Tribunal pénal fédéral doivent être réélus par le Parlement cet automne. Le tribunal a fait et continue de faire l'objet de critiques dans les médias en raison de nombreux incidents. De nouveaux ennuis auraient pu être extrêmement dangereux, estime l'ancien procureur.

M. Keller critique également le Ministère public de la Confédération, pour qui il travaillait. Des dossiers importants ne lui ont pas été soumis jusqu'à la fin de son travail, illustre-t-il. Et d'ajouter: "L'obstruction du procureur fédéral extraordinaire était probablement systématique et suggère que le Ministère public de la Confédération n'est pas (encore) disposé à assumer les années passées".

Contacté par Keystone-ATS, le MPC a écrit ne pas vouloir commenter les propos de M. Keller. Aucune prise de position n'était non plus disponible auprès du Tribunal pénal fédéral.

Possibilité de recours demandée

Le président du Tribunal cantonal d'Obwald plaide pour que les demandes de récusation ainsi que d'autres décisions prises par la Cours des plaintes de Bellinzone puissent faire l'objet d'un recours devant le Tribunal Fédéral à Lausanne. C'est le cas dans toutes les procédures cantonales.

Concernant l'affaire FIFA, M. Keller ne se montre pas très optimiste. Selon lui, une telle procédure ne peut être menée à bien sans une instance de recours qui fonctionne de façon indépendante. Pour ce faire, il faudrait, selon lui, des changements de personnes ou des rocades à Bellinzone à court terme.

En outre, les obstacles au sein du MPC resteront tant qu'un nouveau procureur général de la Confédération, prêt à faire le ménage, n'aura pas été élu, ajoute-t-il.

Doutes de la FIFA

M. Keller est le premier procureur fédéral extraordinaire nommé par le Parlement en septembre pour enquêter sur les rencontres informelles et non protocolées entre l'ancien procureur général de la Confédération Michael Lauber et le président de la FIFA Gianni Infantino.

La FIFA avait émis des doutes sur les qualifications de M. Keller et déposé plusieurs plaintes auprès du Tribunal pénal fédéral. Elle lui reprochait notamment de s'être comporté en ne respectant pas les normes juridiques de base.

Début mai, la Cour des plaintes du Tribunal pénal fédéral a admis la demande de récusation déposée par le président de la FIFA Gianni Infantino à l'encontre de Stefan Keller. Elle a estimé que les communications à la presse du magistrat justifiaient son retrait de l'enquête.

Le procureur fédéral extraordinaire a dans la foulée remis son mandat. Il a expliqué que, compte tenu de la composition actuelle du Tribunal pénal fédéral, il ne se voyait plus en mesure de terminer ses enquêtes dans un délai raisonnable. La succession de M. Keller de même que celle à la tête du MPC, laissée vacante il y a un an après la démission de Michael Lauber, doivent encore être réglées.

ats

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