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Poursuite de l'évacuation de Sloviansk face aux avancées russes

La ville de Sloviansk est dans le viseur des forces russes, qui tentent de reprendre totalement le contrôle du Donbass (archives). © KEYSTONE/AP/ANDRIY ANDRIYENKO
La ville de Sloviansk est dans le viseur des forces russes, qui tentent de reprendre totalement le contrôle du Donbass (archives). © KEYSTONE/AP/ANDRIY ANDRIYENKO


Publié le 06.07.2022


Les civils continuaient mercredi d'évacuer la ville bombardée de Sloviansk, dans l'est de l'Ukraine. Cette ville est le prochain objectif des forces russes dans leur plan de conquête totale du bassin du Donbass, leur priorité après quatre mois et demi de conflit.

"L'évacuation est en cours. Nous sortons des gens de la ville chaque jour", a déclaré son maire Vadim Liakh. "Il reste en ce moment 23'000 habitants" à Sloviansk qui en comptait environ 110'000 avant le conflit, a-t-il ajouté dans une vidéo. Et "17 sont morts et 67 ont été blessés" depuis le début des hostilités.

Dans cette cité bombardée depuis plusieurs semaines, "les infrastructures essentielles fonctionnent toujours, mais il n'y a plus de réseau central d'approvisionnement en eau depuis un mois et un tiers de la ville se retrouve régulièrement sans électricité", a souligné M. Liakh.

"Mon principal conseil: évacuez!", avait lancé mardi soir le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, à l'adresse de la population de Sloviansk, soulignant que, "pendant la semaine, il n'y a pas eu un jour sans bombardements".

Les frappes y ont notamment détruit près d'un tiers d'un marché, a constaté mercredi un journaliste de l'AFP. Des habitants sont allés voir l'étendue des dégâts au milieu des débris calcinés. Un peu plus loin, quelques-uns continuaient de vendre leurs fruits et leurs légumes.

Mardi, Pavlo Kyrylenko avait déclaré que les derniers bombardements russes, dont celui qui a frappé le marché, avaient fait deux morts et sept blessés. Comme d'autres responsables locaux, M. Liakh a affirmé que les forces ukrainiennes repoussaient les tentatives de percée russes vers Sloviansk et sa ville-jumelle de Kramatorsk, le centre administratif de la partie du Donbass contrôlée par Kiev.

Selon lui, "les Russes n'arrivent pas à s'approcher" de Sloviansk ou à l'"encercler", car ils sont bloqués par les soldats ukrainiens à une quarantaine de kilomètres de là.

S'emparer de la totalité du Donbass

Avec la chute dimanche de Lyssytchansk, l'armée russe clame que la quasi-totalité de la région de Lougansk est entre ses mains, ce que les Ukrainiens continuent de nier. "Il y a toujours des combats dans deux villages", a assuré mercredi son gouverneur, Serguiï Gaïdaï.

Les Russes cherchent maintenant à conquérir la deuxième province du Donbass, celle de Donetsk, pour ainsi occuper l'intégralité de ce bassin minier, que les séparatistes prorusses contrôlent partiellement depuis 2014. Mais il leur faut pour cela prendre Sloviansk et Kramatorsk, ses deux plus grandes cités conservées par les Ukrainiens.

Selon M. Gaïdaï, les militaires russes "essaient constamment de construire des passages pour transférer encore plus de matériel" vers la région de Donetsk. Mardi, ils se trouvaient à une dizaine de kilomètres de Siversk, qu'ils pilonnent depuis plusieurs jours, et donc à une cinquantaine de kilomètres de Sloviansk.

Le ministère russe de la Défense a aussi accusé mardi soir des "nationalistes ukrainiens" de préparer dans la région de Donetsk "une provocation avec l'utilisation de substances toxiques" dont "de grandes quantités de chlore amenées dans une station de filtration minée".

Il a prévenu que l'armée ukrainienne utilisait des infrastructures chimiques pour y baser ses hommes et ses armes, créant "les conditions préalables à des accidents pouvant entraîner la mort de milliers de civils".

Recours à l'arme nucléaire évoqué

Les Russes bombardent par ailleurs toujours la région de Mykolaïv (sud), des frappes qui ont provoqué la mort d'au moins deux personnes mardi et mercredi, dénoncent les autorités ukrainiennes. "La menace des tirs de missiles perdure dans la région de Mykolaïv" car la Russie maintient quatre navires équipés d'armes de haute précision en mer Noire", estime l'armée ukrainienne.

L'ex-président russe Dmitri Medvedev a évoqué mercredi le recours à l'arme nucléaire, pour mieux exclure toute éventualité de sanctions contre Moscou par la justice internationale, à l'heure ou la Cour pénale internationale (CPI) enquête sur des crimes de guerre présumés commis en Ukraine.

"L'idée même de châtier un pays qui a le plus grand arsenal nucléaire du monde est absurde en soi. Et cela crée potentiellement une menace pour l'existence de l'humanité", a écrit sur son compte Telegram l'actuel vice-président du puissant Conseil de sécurité russe.

Symboles des crimes de guerre présumés

La Russie "ne ressent pas la pression des sanctions pour le moment puisque certains alliés hésitent à les activer", a pour sa part déploré le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui recevait mercredi à Kiev le Premier ministre irlandais Micheal Martin. "Notre priorité est la sécurité de l'espace aérien. Nous comptons sur l'arrivée de puissants systèmes de défense antiaérienne", a-t-il encore dit.

M. Martin a à cette occasion visité Borodyanka et Boutcha, deux localités de la banlieue de la capitale en partie détruites par les combats en mars, lorsque les forces russes étaient à ses portes, avant de se retirer pour concentrer leur offensive sur l'est et le sud de l'Ukraine. Ces deux cités sont devenues des symboles des crimes de guerre présumés commis par les soldats russes dans ce conflit et sur lesquels la justice internationale a dit vouloir enquêter.

ats, afp

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