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Nouvelle initiative pour un revenu de base inconditionnel

Un revenu de base permettrait notamment de travailler à mi-temps, de faire une pause nécessaire, ou de se réorienter professionnellement. © KEYSTONE/ANTHONY ANEX
Un revenu de base permettrait notamment de travailler à mi-temps, de faire une pause nécessaire, ou de se réorienter professionnellement. © KEYSTONE/ANTHONY ANEX


Publié le 21.09.2021


Cinq ans après un "non" net dans les urnes, un comité non partisan a lancé mardi une deuxième initiative populaire pour un revenu de base inconditionnel. La crise du coronavirus a changé la donne, estiment les initiants.

L'objectif de l'initiative "Vivre avec dignité - Pour un revenu de base inconditionnel finançable" est de garantir des moyens de subsistance pour toutes les personnes établies en Suisse et de respecter le droit humain fondamental de pouvoir mener une existence digne et autodéterminée, ainsi que de valoriser le travail non rémunéré, indique mardi le comité d'initiative.

Cet objectif doit être atteint en modifiant l'article 110 de la Constitution fédérale. Une loi doit réglementer le montant et la perception du revenu de base, ainsi que son financement.

L'initiative permet de mettre en avant la dignité de l'être humain plutôt que seulement l'argent, a relevé devant les médias l'ancien vice-chancelier de la Confédération Oswald Sigg, membre du comité d'initiative. "Une vie digne est caractérisée par la raison. La pauvreté et la richesse excessives sont déraisonnables".

"En ces temps de coronavirus et de crise climatique, une approche responsable des personnes et de la nature est essentielle. Pour cela, il faut une économie au service des personnes et non pas le contraire", a-t-il ajouté.

Reconnaître le travail de "care"

Un revenu de base inconditionnel permettrait de reconnaître à sa juste valeur le travail indispensable à notre société comme les soins familiaux et extrafamiliaux ("care") ainsi que le bénévolat, estime le comité d'initiative. La plupart de ces tâches sont assumées par des femmes et ne sont pas comprises dans le produit national brut.

L'initiative n'aurait pas vocation à remplacer les assurances sociales, mais à les développer davantage. "Elles seraient adaptées ou légèrement changées en fonction de l'introduction du revenu de base. Cela serait décidé dans le délai transitoire de cinq ans", a expliqué Kalina Anguelova, membre du comité.

Ne plus craindre la numérisation

L'introduction d'un revenu de base garantirait à tous le minimum vital, même sans activité lucrative. La numérisation et l'automatisation ne seraient ainsi plus perçues comme une menace, mais comme une opportunité. La peur constante de la perte d'emploi, mais aussi de la dépendance et de la pauvreté, serait éliminée.

Un revenu de base permettrait également de travailler à mi-temps, de faire une pause nécessaire, ou de se réorienter professionnellement, ce que seule une minorité peut se permettre actuellement. Selon les initiants, la mesure permettrait en outre d'éviter les maladies dues au stress en entreprise ou à l'angoisse de ne pas trouver de travail.

Faire payer les GAFAM

La majorité des coûts d'un revenu de base pourrait être couverte par les recettes fiscales et les assurances sociales. Pour financer le reste, l'initiative exige également que toutes les branches de l'économie paient leur juste part d'impôts, en particulier le secteur financier, les entreprises technologiques et les plateformes numériques comme Google, Apple, Facebook ou Amazon.

Par rapport à la première initiative il y a cinq ans, les initiants soulignent avoir clarifié la question du financement. "Nous intégrons aussi dans la Constitution que nous ne voulons pas abolir les assurances sociales existantes, ce qui devrait rassurer la population", estime Thomas Produit, membre du comité.

En juin 2016, les Suisses avaient refusé à 76,9% une première initiative visant à instaurer un revenu de base inconditionnel. Le texte avait été lancé par un comité de citoyens sans appartenance politique, dont déjà Oswald Sigg.

ats

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