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Nouveaux affrontements à Khartoum au quatrième jour du coup d'Etat

Avec des barricades de branchages, de pneus brûlés et de pierres, les manifestants ne cessent de réinstaller des barricades en travers des avenues de la capitale pour paralyser le pays avec une campagne de "désobéissance civile". © KEYSTONE/EPA/STR
Avec des barricades de branchages, de pneus brûlés et de pierres, les manifestants ne cessent de réinstaller des barricades en travers des avenues de la capitale pour paralyser le pays avec une campagne de "désobéissance civile". © KEYSTONE/EPA/STR


Publié le 28.10.2021


Les affrontements entre manifestants et forces de sécurité ont fait un nouveau mort jeudi à Khartoum, au quatrième jour d'un coup d'Etat militaire refusé par la rue. Les opposants maintiennent depuis des barricades de fortune pour leur opération ville morte.

Lundi, le général Abdel Fattah al-Burhane, désormais seul aux commandes de ce pays pauvre d'Afrique de l'Est plongé dans le marasme politique et miné par les conflits, a dissous le gouvernement censé assuré la transition vers la démocratie et arrêté ministres et hauts responsables civils.

Après des jours de tractations, notamment du fait de la réticence russe à condamner le putsch, le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé jeudi "le rétablissement d'un gouvernement de transition dirigé par des civils".

Entre manifestants décidés à rester dans la rue jusqu'au retour d'un cabinet civil et forces de sécurité armées de fusils, de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc, au moins huit manifestants ont été tués et 170 blessés depuis lundi, selon des médecins. Jeudi en début de soirée, deux manifestants se trouvaient dans un état critique et "il pourrait y avoir d'autres morts mais il est difficile d'établir des contacts avec Khartoum-Nord pour avoir confirmation", ajoute un syndicat prodémocratie.

Avec des barricades de branchages, de pneus brûlés et de pierres, les manifestants ne cessent de réinstaller des barricades en travers des avenues de la capitale pour paralyser le pays avec une campagne de "désobéissance civile". De fait, seules quelques boulangeries sont ouvertes, où se pressent des familles. Comme les quatre derniers jours, les rideaux de fer des magasins, banques et restaurants sont restés baissés.

Pluie de grenades lacrymogènes

Mais les forces de sécurité qui quadrillent la ville tentent régulièrement de lever ces barrages de fortune, allant à l'affrontement.

"Les forces de sécurité tentent de démanteler toutes les barricades en tirant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc", explique à l'AFP Hatem Ahmed, un manifestant. "Mais on les réinstalle dès qu'elles partent. On ne partira que quand un gouvernement civil sera institué". Car, renchérit un autre protestataire, "on soutient totalement la grève générale".

Si dans le centre de Khartoum, rares étaient ceux qui s'aventuraient dans les rues de crainte de se faire arrêter par les forces de sécurité, dans le très turbulent quartier de Bourri, dans l'est de la capitale, une pluie de grenades lacrymogènes s'est abattue sur les manifestants, décidés à garder leurs barricades coûte que coûte, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Mobilisation samedi?

Sur les réseaux sociaux, accessibles en de rares endroits dans un pays où les autorités ont coupé l'internet, des militants ont partagé des images de manifestations nocturnes réclamant un "pouvoir civil". La plupart des organisations de la société civile, les syndicats et associations dissoutes par le général Burhane, ont appelé à une mobilisation massive samedi contre le coup d'Etat.

Ils veulent "un million de manifestants" pour réclamer que le général Burhane, commandant militaire durant les trois décennies de pouvoir sans partage du général Omar el-Béchir, rejoigne ce dernier à la prison de haute sécurité de Kober à Khartoum.

En 1989, M. Béchir avait pris le pouvoir par un coup d'Etat contre le Premier ministre élu démocratiquement Sadeq al-Mahdi. Avant d'être mis à l'écart par l'armée en avril 2019 sous la pression d'une révolte populaire.

Lundi, c'est Abdallah Hamdok, le chef du gouvernement de transition mis en place en août 2019, qui a été renversé par le général Burhane. Il est chez lui à Khartoum mais n'est "pas libre de ses mouvements" selon l'ONU.

ats, afp

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