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Migrants bloqués en mer: Matteo Salvini devant la justice

Matteo Salvini comparaît ce samedi. © KEYSTONE/EPA/RICCARDO ANTIMIANI
Matteo Salvini comparaît ce samedi. © KEYSTONE/EPA/RICCARDO ANTIMIANI
Matteo Salvini comparaît ce samedi. © KEYSTONE/EPA/RICCARDO ANTIMIANI
Matteo Salvini comparaît ce samedi. © KEYSTONE/EPA/RICCARDO ANTIMIANI
Matteo Salvini dénonce un procès politique. © KEYSTONE/EPA/IGOR PETYX
Matteo Salvini dénonce un procès politique. © KEYSTONE/EPA/IGOR PETYX


Publié le 23.10.2021


Le procès du dirigeant italien d'extrême-droite Matteo Salvini a démarré samedi en présence de l'accusé. L'ex-ministre de l'Intérieur est accusé d'avoir bloqué en mer 147 migrants en 2019 dans des conditions sanitaires désastreuses en leur refusant de débarquer.

M. Salvini risque jusqu'à 15 ans de prison. Son procès s'était ouvert le 15 septembre, mais avait été immédiatement renvoyé. L'audience de samedi, largement procédurale, a duré moins de trois heures et la prochaine audience a été fixée au 17 décembre.

Le juge Roberto Murgia a autorisé l'ancien chef du gouvernement Giuseppe Conte et l'acteur américain Richard Gere à venir témoigner. La venue de la star hollywoodienne a été demandée par l'ONG espagnole Open Arms qui opérait le navire de secours bloqué. Elle était montée à bord du navire en août 2019 pour apporter son soutien aux migrants, une visite alors raillée par M. Salvini.

"Parlez-moi du sérieux d'un procès où Richard Gere vient d'Hollywood pour témoigner de ma méchanceté", a ironisé M. Salvini devant des journalistes à l'extérieur du tribunal. "J'espère que ça va durer le moins longtemps possible parce qu'il y a des choses plus importantes dont il faut s'occuper".

"Une obligation pour l'Etat"

Le tribunal a également accepté que les actuels ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères, Luciana Lamorgese et Luigi Di Maio, figurent parmi les témoins.

"Voici le tribunal de la prison de Palerme", avait tweeté M. Salvini depuis la salle avant l'ouverture de l'audience, avec une photo de lui-même debout devant une cellule réservée à certains accusés. "Le procès voulu par la gauche et les fans de l'immigration illégale commence: combien cela va-t-il coûter aux citoyens italiens?".

Le fondateur et directeur d'Open Arms, Oscar Camps, a assuré aux journalistes que le procès n'avait pas de motivation politique. "Sauver des gens n'est pas un crime mais une obligation, non seulement pour les capitaines mais pour l'Etat tout entier", a-t-il déclaré.

Débarquement bloqué

Matteo Salvini, 48 ans, est le chef de La Ligue, parti anti-migrants qui appartient à la coalition au pouvoir dirigée par Mario Draghi. Il est accusé de séquestration de personnes et d'abus de pouvoir pour avoir interdit le débarquement de 147 migrants secourus en mer par Open Arms en août 2019.

Il avait refusé pendant six jours d'accorder un port sûr au navire de l'ONG espagnole qui mouillait au large de la petite île de Lampedusa (au sud de la Sicile) alors que les conditions à bord s'aggravaient.

Les migrants n'avaient été autorisés à débarquer que grâce à une ordonnance émise par la justice sicilienne après une inspection à bord qui avait confirmé la gravité de la situation sanitaire sur le navire surpeuplé.

M. Salvini assure avoir agi pour le bien de l'Italie et pour dissuader les migrants de s'embarquer sur les côtes africaines pour une dangereuse traversée de la Méditerranée, soulignant que la décision avait été validée par le gouvernement de l'époque et M. Conte, dont il était vice-premier ministre.

Immunité levée

Vingt-trois parties civiles, dont neuf migrants qui se trouvaient à bord, sont représentées au procès. Le Sénat a voté l'an dernier la levée de l'immunité parlementaire de M. Salvini, ouvrant la voie à son procès.

Dans une autre affaire similaire, le tribunal de Catane, également en Sicile, avait ordonné l'abandon des poursuites contre M. Salvini, accusé d'avoir bloqué en mer une centaine de migrants sauvés par le navire "Gregoretti" des garde-côtes italiens, toujours durant l'été 2019.

Pendant l'audience samedi à Palerme, 406 migrants, sauvés lors de plusieurs opérations au large de la Libye par le navire allemand Sea Watch 3 de l'ONG Sea Watch, sont arrivés dans le port sicilien de Pozzallo pour désembarquer, selon l'agence italienne AGI.

ats, afp

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