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Les longues journées de travail provoquent 745'000 décès

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) est inquiète des effets de la pandémie sur les heures de travail des personnes dans les différents pays (archives). © KEYSTONE/EPA/REHAN KHAN
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) est inquiète des effets de la pandémie sur les heures de travail des personnes dans les différents pays (archives). © KEYSTONE/EPA/REHAN KHAN


Publié le 17.05.2021


De longues heures de travail provoquent toujours plus de victimes. Selon des données publiées lundi par l'OMS et l'OIT à Genève, 745'000 personnes sont décédées en 2016, 29% de plus en une quinzaine d'années. L'OMS est désormais inquiète des effets de la pandémie.

Au total, en 2016, 398'000 personnes ont succombé à une attaque cérébrale, en progression de près de 20%, et 347'000 à des maladies cardiaques, en hausse de plus de 40%, après avoir travaillé au moins 55 heures par semaine, selon ces premières estimations mondiales sur cette question. "Notre souhait est de protéger la santé des travailleurs", a dit à la presse la directrice de la santé à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Maria Neira.

Or, la pandémie "a changé de manière significative la manière de travailler pour de nombreuses personnes", fait remarquer le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus. "De nombreux professionnels ont travaillé de longues heures", ajoute Mme Neira. "Nous devons établir des règles" pour évaluer les heures avec le télétravail, selon elle.

L'OMS est inquiète, alors que certaines études nationales montrent que les heures de travail ont augmenté de 10% pendant les confinements. Dans certaines entreprises, les réductions du dispositif ou la fermeture d'activités se répercutent sur les employés qui restent. La reprise économique ne devra pas se faire aux dépens de la santé des collaborateurs, dit M. Neira.

Selon les données de 2016 publiées avec l'Organisation internationale du travail (OIT) sur 154 pays, la prévalence est plus élevée chez les hommes, chez qui ces effets sont responsables de près de trois quarts des décès. Les régions du Pacifique occidental et de l'Asie, de même que les personnes d'âge moyen ou plus âgées, sont plus exposées. Le nord du continent américain et l'Europe sont moins confrontés à ce problème.

Appel de l'OMS pour des limites maximales

Au total, un travailleur sur dix peut faire face à des semaines de travail de plus de 55 heures, soit 488 millions de personnes. Aussi bien les effets physiques et psychologiques que l'impact indirect comme la fumée, l'alcool ou l'absence d'activité physique alimentent la menace. Les heures de travail sont responsables d'un tiers des maladies observées dans l'activité professionnelle.

Par rapport à quelqu'un qui travaille 35 à 40 heures par semaine, la possibilité de décéder d'une attaque cérébrale augmente de 35% et celle de succomber à des maladies cardiovasculaires s'étend de près de 18%. Autre indication, certaines branches sont probablement davantage exposées mais des investigations supplémentaires doivent être menées.

Certains pays, comme la Russie, ont déjà proposé de ramener une semaine d'activité à quatre jours. L'OMS recommande aux Etats et aux partenaires sociaux de décider de limites maximales d'heures de travail. Et de davantage de flexibilité, comme la possibilité de partager les heures de travail entre collaborateurs pour éviter les dépassements. La protection sociale doit aussi être adaptée pour les travailleurs informels.

ats

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