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Le réchauffement a rendu la sécheresse estivale plus probable

De nombreux lacs en Suisse, comme sur le cliché celui de Constance, ont enregistré un fort recul du niveau d'eau pendant l'été 2022 (archives). © KEYSTONE/GIAN EHRENZELLER
De nombreux lacs en Suisse, comme sur le cliché celui de Constance, ont enregistré un fort recul du niveau d'eau pendant l'été 2022 (archives). © KEYSTONE/GIAN EHRENZELLER


Publié le 05.10.2022


Le changement climatique causé par l'activité humaine a rendu la sécheresse dans l'hémisphère nord cet été "au moins 20 fois plus probable", estiment des scientifiques. Une poursuite du réchauffement rendrait ces épisodes plus intenses et plus fréquents, selon eux.

Une telle sécheresse des sols, qui a affecté l'Europe, la Chine ou les États-Unis, risque de se produire environ tous les 20 ans avec le climat actuel, contre environ tous les 400 ans voire encore moins souvent sans réchauffement climatique, affirment les chercheurs du World Weather Attribution (WWA), réseau de chercheurs pionniers en matière d'attribution des événements extrêmes au changement climatique, qui ont publié une étude mercredi.

La sécheresse estivale a affecté nombre de pays européens, notamment en Suisse, avec des cours d'eau à sec et des restrictions dans certaines localités. Certaines parties des États-Unis ou de la Chine ont également été touchées.

Les conséquences se sont fait sentir sur le secteur agricole, avec des récoltes en baisse et des effets possibles sur une inflation déjà forte. Cette situation a également favorisé les feux de forêt et perturbé la production d'électricité, notamment hydraulique et nucléaire.

La pire en 500 ans

Les experts du centre commun de recherche de la Commission européenne avaient estimé cet été que la sécheresse était "la pire depuis au moins 500 ans".

Dans l'hémisphère nord (hors zones tropicales), le changement climatique a rendu la sécheresse "beaucoup plus probable", selon les chercheurs du réseau WWA. Cette probabilité a été augmentée d'un facteur d'"au moins 20" pour le manque d'humidité du sol dans la zone racinaire, la partie du sol correspondant à 1 mètre sous terre et où les plantes extraient l'eau pour se nourrir. C'est lorsque cette zone très importante est affectée que l'on parle de sécheresse "agricole" ou "écologique".

La probabilité de l'événement a été augmentée d'un facteur d'"au moins 5" pour l'humidité du sol en surface, qui correspond uniquement aux sept centimètres supérieurs.

Le réchauffement depuis le début de l'ère industrielle, qui a été alimenté par les énergies fossiles, a déjà atteint près de 1,2 degré celsius, entraînant une série de catastrophes.

"L'été 2022 a montré comment le changement climatique causé par l'homme augmente les risques de sécheresses agricoles et écologiques dans des régions agricoles et densément peuplées de l'hémisphère nord", a souligné Sonia Seneviratne, professeure à l'EPFZ, qui a cosigné l'étude. "Ces épisodes de sécheresse [...] deviendront plus fréquents et plus intenses avec toute augmentation du réchauffement", a-t-elle mis en garde.

ats, afp

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