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Le président philippin ne coopérera pas avec l'enquête de la CPI

Le président philippin Rodrigo Duterte avait été élu en 2016 après une campagne sécuritaire outrancière, promettant d'éradiquer le trafic de drogue en faisant abattre des dizaines de milliers de délinquants (archives). © KEYSTONE/AP/Aaron Favila
Le président philippin Rodrigo Duterte avait été élu en 2016 après une campagne sécuritaire outrancière, promettant d'éradiquer le trafic de drogue en faisant abattre des dizaines de milliers de délinquants (archives). © KEYSTONE/AP/Aaron Favila


Publié le 15.06.2021


Le président philippin Rodrigo Duterte "ne coopérera jamais" avec l'enquête de la Cour Pénale Internationale (CPI), a affirmé mardi son porte-parole. La campagne de lutte contre le trafic de drogue menée par le gouvernement a fait des milliers de morts.

La procureure de la Cour, Fatou Bensouda, a annoncé lundi avoir demandé l'ouverture d'une enquête sur les allégations selon lesquelles des fonctionnaires de la police nationale philippine auraient "illégalement tué plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers de civils" entre 2016 et 2019.

M. Duterte avait été élu en 2016 après une campagne sécuritaire outrancière, promettant d'éradiquer le trafic de drogue en faisant abattre des dizaines de milliers de délinquants. "Le président ne coopérera jamais jusqu'à la fin de son mandat le 30 juin 2022", a affirmé à la presse Harry Roque, le porte-parole du président.

Ces violences faisaient l'objet d'un examen préliminaire depuis le 8 février 2018, ce qui avait poussé M. Duterte à retirer son pays de la CPI en 2019. Mme Bensouda, à la veille de la fin de son mandat, a indiqué que la CPI demeure compétente pour enquêter sur des crimes commis par des pays non membres.

Plus de 6000 morts

Elle a dit disposer d'informations selon lesquelles "des fonctionnaires de la police nationale philippine, et d'autres personnes agissant de concert avec eux, auraient illégalement tué plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers de civils".

M. Roque a rejeté ces affirmations, estimant que c'est "insulter tous les Philippins" de laisser penser que le système judiciaire de l'archipel connaissait des dysfonctionnements. "Nous allons être comparés à des pays comme le Darfour, des régions où il n'y a pas de gouvernement capable. Ce n'est pas juste", a-t-il déclaré. "Si des meurtres ont eu lieu, l'usage d'une force et d'une violence appropriées ont été respectées", selon lui.

Les derniers chiffres officiels font état de plus de 6000 morts et plus de 200'000 opérations anti-drogue au sein de l'archipel. Les défenseurs des droits de l'Homme estiment que le nombre réel de tués est bien plus élevé.

En juin 2020, un rapport du bureau des Droits de l'Homme des Nations unies avait dénoncé le fait que depuis 2016, la police a été encouragée, au plus au haut niveau, à tuer les trafiquants de drogue présumés. Des milliers d'entre eux ont été abattus par des policiers ou des tireurs masqués, selon le rapport qui précisait que de nombreux suspects avaient été inscrits sur des "listes de surveillance de la drogue" par des responsables locaux.

ats, afp

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