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Le président mexicain optimiste malgré un revers électoral

"Vive la démocratie", s'est exclamé Andrés Manuel López Obrador, après avoir déposé son bulletin dans l'urne à quelques pas du palais présidentiel, dans le centre de Mexico. © KEYSTONE/AP/Marco Ugarte
"Vive la démocratie", s'est exclamé Andrés Manuel López Obrador, après avoir déposé son bulletin dans l'urne à quelques pas du palais présidentiel, dans le centre de Mexico. © KEYSTONE/AP/Marco Ugarte
"Vive la démocratie", s'est exclamé Andrés Manuel López Obrador, après avoir déposé son bulletin dans l'urne à quelques pas du palais présidentiel, dans le centre de Mexico. © KEYSTONE/AP/Marco Ugarte
"Vive la démocratie", s'est exclamé Andrés Manuel López Obrador, après avoir déposé son bulletin dans l'urne à quelques pas du palais présidentiel, dans le centre de Mexico. © KEYSTONE/AP/Marco Ugarte


Publié le 08.06.2021


Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador s'est réjoui que sa coalition gouvernementale soit sur la bonne voie pour garder le contrôle de la Chambre des députés. Ce malgré un revers aux élections législatives qui devrait l'affaiblir.

Selon de premières estimations officielles de l'Institut national électoral (INE), Morena, le parti du président, a perdu sa majorité absolue à la Chambre des députés, compliquant son projet de "transformation" du pays. "Les résultats définitifs émergeront des dépouillements qui débuteront mercredi prochain", a déclaré le président de l'INE, Lorenzo Córdova.

Mais M. Lopez Obrador a pris un ton optimiste lundi, notant que Morena et ses alliés politiques devraient toujours occuper plus de la moitié des sièges.

"Je suis très reconnaissant car le résultat de cette élection est que les partis qui soutiennent le projet de transformation qui est en cours auront une majorité à la Chambre des députés", a-t-il déclaré à la presse. "Les gens n'ont pas seulement voté pour un parti, pour un candidat, mais pour un projet, dans un sens ou dans l'autre".

Les législatives de dimanche étaient considérées comme un référendum sur les plus de deux années de fonction de M. Lopez Obrador, assombries par la pandémie de coronavirus et les violences des cartels.

Têtes humaines dans les bureaux de vote

Au moins 90 politiciens ont été assassinés dans les mois précédant les élections désignant les membres de la chambre basse du Congrès, 15 des 32 gouverneurs d'Etats mexicains et des milliers d'élus locaux.

La veille du scrutin, cinq responsables d'un bureau de vote ont été tués par des hommes armés qui ont tendu une embuscade à un groupe de personnes qui transportaient du matériel électoral dans une camionnette dans le sud du pays.

La découverte de deux têtes humaines dans deux bureaux de vote à Tijuana, une ville frontalière avec les Etats-Unis, a alourdi ce climat déjà pesant.

Et dimanche soir après le vote, quatre autres personnes ont été tuées par balle lors d'une rixe entre deux camps politiques qui se disputent une municipalité dans le Chiapas, ont annoncé lundi les autorités.

Selon les premières estimations, le parti présidentiel devrait obtenir 190 à 203 des 500 sièges de la Chambre des députés.

"Défaite pour Lopez Obrador"

M. Lopez Obrador a été élu en 2018 pour un mandat de six ans sur la promesse de réviser le modèle économique "néolibéral" du Mexique, extirper la corruption et mettre fin aux gaspillages d'une élite de privilégiés. Mais sa présidence a été largement dominée par la pandémie de Covid-19, qui a tué plus d'un quart de million de personnes dans le pays et dévasté l'économie.

La coalition au pouvoir disposait jusqu'ici d'une supermajorité des deux tiers qui permettait à M. Lopez Obrador de modifier la constitution sans négocier avec ses opposants. Sans elle, il aura plus de mal à faire passer les réformes prévues, dont la recherche d'une plus grande indépendance énergétique du Mexique.

"C'est une défaite pour Lopez Obrador. Pas écrasante, mais elle l'affaiblit, lui et son projet car il nécessite des révisions constitutionnelles", estime l'analyste politique Jose Antonio Crespo. "C'est une victoire importante pour l'opposition car elle a réussi à capitaliser sur le mécontentement, même si la réalité est que les gens ont voté contre Lopez Obrador, pas pour ses opposants", ajoute-t-il.

Une coalition de trois partis d'opposition devrait augmenter son nombre de sièges (entre 181 et 213, selon les estimations de l'Institut national électoral) à la chambre basse. Cela fait toujours moins que Morena et ses alliés, qui devraient rassembler entre 265 et 298 sièges.

60% de popularité

Le président de 67 ans continue de jouir d'une cote de popularité dépassant 60%. Mais les électeurs mexicains utilisent souvent les élections de mi-mandat pour punir le parti au pouvoir.

"Ils n'ont jamais eu de plan, et ils n'en ont toujours pas", s'énerve Claudia Cervantes, 49 ans, qui travaille dans un hôpital public, à propos de la gestion gouvernementale de la pandémie. D'autres électrices sont prêtes à donner plus de temps au président, comme Tania Calderon, 37 ans. "Sans la pandémie, le gouvernement aurait mieux réussi", souligne-t-elle.

Les opposants de M. Lopez Obrador l'accusent de pencher dangereusement vers l'autoritarisme, avec des attaques contre la justice et l'Institut national électoral.

Il doit beaucoup de sa popularité à ses programmes d'aide sociale à destination des personnes âgées et des pauvres. M. Lopez Obrador a assuré que sa coalition disposerait toujours d'assez de sièges pour garantir un budget suffisant "pour les plus nécessiteux, pour les pauvres".

ats, afp

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