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Le chef de la junte appelle les putschistes à "revenir à la raison"

Une quinzaine de soldats en treillis et pour certains encagoulés ont pris la parole peu avant 20h00 sur le plateau de la radiotélévision nationale burkinabè. © KEYSTONE/AP
Une quinzaine de soldats en treillis et pour certains encagoulés ont pris la parole peu avant 20h00 sur le plateau de la radiotélévision nationale burkinabè. © KEYSTONE/AP
Une quinzaine de soldats en treillis et pour certains encagoulés ont pris la parole peu avant 20h00 sur le plateau de la radiotélévision nationale burkinabè. © KEYSTONE/AP
Une quinzaine de soldats en treillis et pour certains encagoulés ont pris la parole peu avant 20h00 sur le plateau de la radiotélévision nationale burkinabè. © KEYSTONE/AP
De la fumée était visible à Ouagadougou après l'attaque de deux institutions françaises. © KEYSTONE/EPA/ASSANE OUEDRAOGO
De la fumée était visible à Ouagadougou après l'attaque de deux institutions françaises. © KEYSTONE/EPA/ASSANE OUEDRAOGO


Publié le 02.10.2022


Le chef de la junte au Burkina Faso démis de ses fonctions par un groupe de militaires lors d'une annonce télévisée vendredi soir, n'a pas abdiqué. Il a appelé les putschistes à "revenir à la raison" samedi, après une nouvelle journée de tensions à Ouagadougou.

Dans ce texte publié sur la page Facebook officielle de la présidence, le lieutenant-colonel a appelé les putschistes "à revenir à la raison pour éviter une guerre fratricide dont le Burkina Faso n'a pas besoin dans ce contexte". "Je démens formellement m'être réfugié dans la base française de Kamboinsin. Ce n'est qu'une intoxication pour manipuler l'opinion", a-t-il ajouté.

Plus tôt dans la journée, les putschistes s'étaient exprimés à la télévision nationale, affirmant que M. Damiba "planifiait une contre-offensive" depuis une "base française" près de Ouagadougou. Paris avait rapidement démenti. C'est la première communication officielle signée de M. Damiba depuis vendredi.

"Crise interne"

Un peu plus tôt dans la journée, l'armée avait publié un communiqué ne reconnaissant pas le coup d'Etat, indiquant traverser "une crise interne" et que les "concertations" se poursuivaient. "Quelques unités ont pris le contrôle de certaines artères de la ville de Ouagadougou, demandant une déclaration de départ du lieutenant-colonel Damiba", ajoute le communiqué, qui précise que cette tension "ne représente pas la position de l'institution".

En fin d'après-midi, deux institutions françaises ont été prises pour cible par des manifestants: un incendie s'est déclaré devant l'ambassade de France à Ouagadougou, a constaté un journaliste de l'AFP, et un autre devant l'Institut français à Bobo-Dioulasso, selon des témoins dans cette ville de l'ouest du pays.

Vendredi, quelques heures avant le coup d'Etat, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté dans la capitale pour réclamer le départ de M. Damiba, mais aussi la fin de la présence militaire française au Sahel et une coopération militaire avec la Russie.

Moscou influente

L'influence de Moscou ne cesse de croître dans plusieurs pays d'Afrique francophone ces dernières années et il n'est pas rare de voir des drapeaux russes dans de telles manifestations. Après une nuit et une matinée calmes, la situation s'est de nouveau tendue dans Ouagadougou à la mi-journée.

Les principaux axes de la ville étaient bloqués, notamment le quartier de Ouaga 2000 qui abrite la présidence. Et des hélicoptères survolaient à faible altitude le centre-ville, selon un journaliste de l'AFP.

Vendredi soir, après une journée émaillée de tirs dans le quartier de la présidence à Ouagadougou, des soldats étaient intervenus à la télévision nationale pour annoncer qu'ils démettaient de ses fonctions M. Damiba.

Couvre-feu

Ils ont annoncé la fermeture des frontières, la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée législative de transition. Un couvre-feu a également été mis en place durant la nuit.

Le nouveau chef autoproclamé de la junte, le capitaine Traoré, était jusqu'à présent le chef de corps du Régiment d'artillerie de Kaya, dans le nord du pays, particulièrement touché par les attaques djihadistes.

Selon plusieurs sources sécuritaires, ce coup de force révèle de profonds désaccords au sein de l'armée, l'unité d'élite des "Cobras" déployée dans la lutte antidjihadiste ayant reproché notamment à M. Damiba de ne pas mobiliser toutes les forces sur le terrain.

Condamnations

La communauté internationale a de son côté condamné ce nouveau coup de force. Samedi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Gutteres, a "fermement" condamné dans un communiqué "toute tentative de prise de pouvoir par la force des armes".

L'Union africaine (UA) a elle dénoncé un "changement anticonstitutionnel de gouvernement" et l'Union européenne (UE) estimé que le coup de force mettait "en danger les efforts engagés depuis plusieurs mois" pour la transition. Pour l'heure, les nouveaux putschistes n'ont pas indiqué s'ils comptaient respecter ce calendrier de transition.

M. Damiba était arrivé au pouvoir en janvier par un coup d'État qui avait renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, discrédité par la hausse des violences djihadistes. Mais ces derniers mois, des attaques frappant des dizaines de civils et de soldats se sont multipliées dans le nord et l'est, où des villes sont désormais soumises à un blocus des djihadistes.

Depuis 2015, les attaques récurrentes de mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI) ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes. Avec les deux putschs au Mali en août 2020 et mai 2021 et celui en Guinée en septembre 2021, c'est le cinquième coup d'Etat en Afrique de l'Ouest depuis 2020.

ats, afp

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