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L'emploi américain retrouve sa santé pré-pandémique

La santé du marché du travail est scrutée de très près aux Etats-Unis, car si sa dégradation va de pair avec la lutte contre l'inflation, elle pourrait aussi signaler l'approche d'une récession. (archives) © KEYSTONE/EPA/ETIENNE LAURENT
La santé du marché du travail est scrutée de très près aux Etats-Unis, car si sa dégradation va de pair avec la lutte contre l'inflation, elle pourrait aussi signaler l'approche d'une récession. (archives) © KEYSTONE/EPA/ETIENNE LAURENT


Publié le 05.08.2022


Le marché de l'emploi aux Etats-Unis a montré en juillet un dynamisme inattendu, retrouvant son niveau pré-pandémique au moment où la lutte contre l'inflation fait craindre une récession, à quelques mois des cruciales élections de mi-mandat.

Le taux de chômage, ainsi que le nombre total d'emplois dans le pays, ont retrouvé leur niveau de février 2020, juste avant que l'économie ne soit frappée de plein fouet par la pandémie de Covid-19.

En effet, le taux de chômage recule de 0,1 point, et retombe à 3,5%, comme en février 2020, lorsqu'il était au plus bas en 50 ans, a annoncé vendredi le département du Travail.

Et 528'000 emplois ont été créés, deux fois plus qu'attendu.

"La croissance de l'emploi a été généralisée, tirée par des créations dans les secteurs des loisirs et de l'hôtellerie, les services professionnels et commerciaux et les soins de santé", a précisé le département du Travail dans un communiqué.

Les créations d'emplois en mai et juin ont elles été plus importantes qu'estimé, respectivement à 386'000 et 398'000, soit au total 28'000 emplois créés de plus que ce qui avait été initialement annoncé.

La santé du marché du travail est en ce moment scrutée de très près aux Etats-Unis, car sa dégradation va de pair avec la lutte contre l'inflation. Mais pourrait aussi signaler l'approche d'une récession.

"Transition"

L'économie américaine, en effet, s'est contractée au cours des deux derniers trimestres.

Cependant, de nombreux économistes ainsi que l'administration Biden, assure qu'elle n'est pas en récession. Ils mettent notamment en avant la solidité de l'emploi, les employeurs américains faisant face depuis des mois à une pénurie de travailleurs.

La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, avait tenté de préparer le terrain jeudi à des créations d'emplois plus faibles qu'auparavant. Elle avait indiqué, lors de son point presse quotidien, que l'économie américaine est "en transition" vers une croissance moins forte, mais plus stable.

"Et pendant cette transition", a-t-elle souligné, il ne faut plus s'attendre au "nombre d'emplois record que nous avons connu chaque mois, d'environ 500'000 ou 600'000 emplois, (...), nous nous attendons à être plus proches de 150'000 (créations) d'emplois par mois".

Il s'agit même, selon elle, d'"un signe de réussite de cette transition".

Démissions

De premiers signes d'un début de ralentissement avaient pourtant été observés cette semaine.

Le nombre de postes vacants a ainsi reculé en juin, et était passé sous la barre des 11 millions pour la première fois depuis sept mois, selon les données du bureau des statistiques (BLS) publiées mardi. Mais les démissions étaient restées massives.

Quant aux inscriptions hebdomadaires au chômage, qui donnent une indication sur le niveau des licenciements, elles sont reparties à la hausse fin-juillet, et la moyenne sur quatre semaines a même atteint son plus haut niveau depuis novembre.

Les inscriptions au chômage avaient atteint un niveau historiquement bas en mars, les employeurs hésitant à licencier alors qu'ils peinaient à recruter en raison d'une importante pénurie de main-d'oeuvre.

Au total, 1,4 million de personnes touchaient une allocation chômage aux États-Unis mi-juillet, quand ils étaient encore près de 13 millions l'an passé à la même époque.

Pour lutter contre la flambée des prix, qui a atteint 9,1% sur un an en juin - un record depuis 1981 - la banque centrale (Fed) est à la manoeuvre. Elle relève ses taux directeurs, ce qui influence les banques commerciales pour établir les taux d'intérêts qu'elles proposent à leurs clients pour leur prêter de l'argent.

Si le crédit est plus cher, les consommateurs achètent moins, les entreprises investissent moins, et la pression sur les prix se desserre. Mais ce ralentissement volontaire de l'économie pourrait provoquer une récession.

ats, awp, afp

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