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Kaboul plongée dans le noir après une explosion

La quête de respectabilité des talibans a été mise à mal encore jeudi quand des combattants armés à Kaboul s'en sont pris aux journalistes qui couvraient une manifestation en faveur des droits de femmes. © KEYSTONE/EPA/STRINGER
La quête de respectabilité des talibans a été mise à mal encore jeudi quand des combattants armés à Kaboul s'en sont pris aux journalistes qui couvraient une manifestation en faveur des droits de femmes. © KEYSTONE/EPA/STRINGER


Publié le 21.10.2021


Kaboul s'est retrouvée jeudi soir plongée dans le noir après une explosion qui a frappé une ligne à haute tension. Il s'agit d'un nouveau coup porté au régime taliban, occupé sur le front diplomatique à mettre un terme au plus vite à son isolement.

"Une explosion a détruit un pylône électrique dans le secteur de Qala Murad Beg, dans la région de Kaboul, et coupé une ligne d'électricité importée de 220 kV, par conséquent l'approvisionnement est interrompu à Kaboul, ainsi que dans certaines régions", a écrit la compagnie nationale d'électricité, dans un communiqué. L'origine de l'explosion n'était pour l'instant pas connue.

Mais s'il s'agissait d'une attaque revendiquée par l'organisation Etat islamique (EI), engagée dans une intense campagne de déstabilisation du régime, il s'agirait d'un signe supplémentaire que les talibans sont bien victimes de leurs anciennes tactiques. Les talibans ont frappé à de nombreuses reprises dans le passé les infrastructures électriques de leur pays lorsqu'ils menaient l'insurrection contre le gouvernement et les forces alliées.

Désormais à la tête de l'Afghanistan depuis neuf semaines, le mouvement islamiste est en quête pressante de reconnaissance internationale, un préalable à la levée des sanctions économiques qui paralysent ce pays.

A son secours, le Pakistan a avancé ses pions jeudi à Kaboul, au cours d'une visite du chef de la diplomatie pakistanaise Shah Mahmood Qureshi prodiguant des conseils aux talibans pour accélérer cette étape.

Gouvernement élargi

"En tant que voisin, ami et bienfaiteur, je leur ai fait part des mesures qu'ils pouvaient prendre pour améliorer leur acceptabilité internationale", a Shah Mahmood Qureshi, après sa visite d'une journée en Afghanistan. Le Pakistan est considéré comme l'un des interlocuteurs les plus influents du mouvement islamiste taliban et il avait été l'un des seuls pays à reconnaître son précédent régime en 1996.

Le chef de la diplomatie pakistanaise, accompagné du très puissant chef des services secrets de son pays (ISI), a notamment rencontré son homologue Amir Khan Muttaqi et le chef du gouvernement taliban, Mohammad Hassan Akhund. Pendant cette rencontre, ont été évoqués la formation d'un gouvernement élargi à d'autres composantes politiques, le respect des droits des femmes, l'éducation des filles, ainsi que de la lutte contre les organisations terroristes internationales, a-t-il déclaré.

Mais la quête de respectabilité des talibans a été mise à mal encore jeudi quand des combattants armés à Kaboul s'en sont pris aux journalistes afghans et étrangers qui couvraient une manifestation en faveur des droits de femmes.

Un groupe d'une vingtaine de femmes a été autorisé à défiler dans le centre de Kaboul pendant plus une heure et demie, mais un photojournaliste international qui couvrait l'événement a été frappé par une crosse de fusil et insulté, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Reconnaissance internationale

"Si des progrès notables sont faits sur ces questions, l'étape de la reconnaissance deviendra plus facile pour eux", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse, ajoutant que "l'environnement s'améliore" pour cette éventuelle reconnaissance. "Nous avons bon espoir que tous nos problèmes commerciaux soient résolus très bientôt et que les frontières soient à nouveau ouvertes", a commenté de son côté le chef de la diplomatie des talibans, Amir Khan Muttaqi, jugeant la rencontre "très positive".

Le Pakistan avait été l'un des trois pays, avec l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, a reconnaître à la fin des années 1990 le précédent régime taliban chassé du pouvoir en 2001 par une intervention de l'armée américaine. Aucun pays n'a reconnu à ce jour le nouveau régime proclamé par les anciens insurgés islamistes, "l'Emirat islamique taliban".

Mercredi, le gouvernement russe avait reçu une délégation de hauts responsables talibans, pour une rencontre avec des émissaires de 10 pays, dont la Chine, le Pakistan, ou encore l'Iran. Il y a principalement été question de la crise économique qui ravage le pays et des moyens de contrer les attaques de l'EI.

Le vice-premier ministre taliban Abdul Salam Hanafi a saisi l'occasion pour de nouveau plaider en faveur d'une reconnaissance du régime. "L'isolement de l'Afghanistan n'est dans l'intérêt d'aucune des parties. Et cela a été prouvé par le passé", a déclaré le responsable taliban à Moscou.

ats, afp

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