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Enlèvements: l'ex-chef des FARC reconnaît sa responsabilité

Rodrigo Londono, alias "Timochenko", était le chef de la guérilla marxiste des FARC au moment de leur désarmement (archives). © KEYSTONE/EPA EFE/MAURICIO DUENAS CASTANEDA
Rodrigo Londono, alias "Timochenko", était le chef de la guérilla marxiste des FARC au moment de leur désarmement (archives). © KEYSTONE/EPA EFE/MAURICIO DUENAS CASTANEDA


Publié le 22.06.2022


"Timochenko", l'ancien chef de la défunte guérilla marxiste des FARC en Colombie, a reconnu mardi sa responsabilité dans plus de 20'000 enlèvements perpétrés par son groupe pendant le conflit armé.

Assis devant plusieurs anciens otages et leurs familles dans un auditorium de Bogota, Rodrigo Londono, alias "Timochenko", a assumé la responsabilité de ces enlèvements, avec six autres anciens haut-commandants des Forces armées révolutionnaires de Colombie.

Tous sont actuellement inculpés par la juridiction spéciale pour la paix (JEP), née de l'accord de paix qui a mis fin en 2016 au conflit avec la guérilla.

Au nom des 13'000 combattants qui ont signé cet accord, l'ancien chef rebelle a reconnu la "responsabilité individuelle et collective de l'un des crimes les plus abominables commis" par l'organisation marxiste. Ils sont "le résultat d'une politique qui a conduit à des crimes contre l'humanité et à des crimes de guerre", a déclaré celui qui était le chef des FARC au moment de leur désarmement.

"Nous voulons la vérité"

Les anciens commandants de la guérilla Pablo Catatumbo, Julian Gallo, Pastor Alape, Milton Toncel, Rodrigo Granda et Jaime Alberto Parra participent à cette audition publique de la JEP qui se tient jusqu'à jeudi. Ces hommes sont accusés de plus de 21'000 enlèvements et autres crimes commis entre 1990 et 2016.

Des politiciens et des militaires victimes de ces kidnappings, et qui servirent de monnaie d'échange contre les combattants des FARC emprisonnés, ont écouté les confessions de leurs anciens bourreaux, qu'ils ont jugées insuffisantes.

Oscar Tulio Lizcano, enlevé en 2000 alors qu'il était député conservateur, a exigé que ses "geôliers" fassent la lumière sur le sort des otages disparus. "Ils devraient nous dire la vérité. Nous avons pardonné, mais cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de justice, nous voulons la vérité", a exigé l'ancien parlementaire de 75 ans, qui a échappé à ses ravisseurs en 2008.

Peine connue ultérieurement

"Ces crimes ont été le produit d'une politique adoptée par le secrétariat (direction) des FARC" et "commis directement par leurs subordonnés", a commenté la juge Julieta Lemaitre, qui présidait l'audience de ce jour.

Selon l'accord de paix, les anciens guérilleros doivent accorder des réparations à leurs victimes et dire la vérité pour éviter la prison. Le tribunal prendra au moins trois mois pour prononcer la peine des accusés. Si leurs aveux sont jugés insuffisants, ils pourraient être condamnés à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison.

En mai, une vingtaine d'officiers de l'armée à la retraite, dont un général, ont reconnu leur implication dans le meurtre de plus de 100 civils, le plus souvent de simples paysans qu'ils faisaient passer ensuite pour des guérilleros tués au combat. La JEP estime qu'il y a eu au moins 6400 victimes de cette pratique, connue sous le nom de "faux positifs".

ats, afp

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