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Chili: plébiscite de candidats indépendants pour réécrire la constitution héritée de Pinochet

Les Chiliens doivent élire leurs représentants à l'assemblée constituante, mais aussi leurs maires, conseillers régionaux et gouverneurs. © KEYSTONE/EPA/Alberto Valdés
Les Chiliens doivent élire leurs représentants à l'assemblée constituante, mais aussi leurs maires, conseillers régionaux et gouverneurs. © KEYSTONE/EPA/Alberto Valdés
Les Chiliens élisaient leurs représentants à l'assemblée constituante, mais aussi leurs maires, conseillers régionaux et gouverneurs. © KEYSTONE/EPA/Alberto Valdés
Les Chiliens élisaient leurs représentants à l'assemblée constituante, mais aussi leurs maires, conseillers régionaux et gouverneurs. © KEYSTONE/EPA/Alberto Valdés
Les Chiliens élisaient leurs représentants à l'assemblée constituante, mais aussi leurs maires, conseillers régionaux et gouverneurs. © KEYSTONE/EPA/Alberto Valdés
Les Chiliens élisaient leurs représentants à l'assemblée constituante, mais aussi leurs maires, conseillers régionaux et gouverneurs. © KEYSTONE/EPA/Alberto Valdés


Publié le 17.05.2021


La droite au pouvoir du président Sebastian Pinera a essuyé un large rejet des électeurs chiliens. Ceux-ci se sont détournés des partis traditionnels et ont plébiscité des candidats indépendants pour réécrire la constitution du pays.

Contre toute attente, ce sont les candidats non-encartés (46,24%, 48 sièges + 17 réservés aux 10 peuples autochtones) qui formeront le plus grand contingent parmi les 155 membres de l'Assemblée constituante élue sur une base paritaire (77 femmes, 78 hommes).

Les électeurs, appelés aux urnes samedi et dimanche, se sont sentis proches de ces candidats aux profils variés; travailleurs sociaux, chefs d'entreprise, enseignants, écrivains ou juristes constitutionnels, qui devront proposer une nouvelle loi fondamentale dans un délai maximum d'un an. Pour être approuvés, les articles requièrent le vote des deux tiers de l'Assemblée constituante.

Avec 20,56% des suffrages (37 sièges), la liste de la droite unie du président Pinera, défendant le maintien de la Constitution qui, selon elle, a favorisé la croissance économique du pays, a été balayée par des aspirations de gauche.

En effet, selon le politologue Claudio Fuentes, parmi ces candidats indépendants, "40% ne sont affiliés à aucun parti politique, bien que beaucoup d'entre eux ont des affinités vers le centre-gauche, et 60% sont liés aux partis traditionnels" de gauche, même s'ils n'en étaient pas les candidats officiels pour ce scrutin.

Un nouveau modèle

Les deux listes officielles de partis de gauche, "La liste j'approuve" du Parti communiste (25 sièges) et celle "J'approuve dans la dignité" de centre-gauche (28 sièges) qui entendent proposer un nouveau modèle pour le pays avec différents droits sociaux garantis, comme l'éducation, la santé ou le logement, recueillent 33,20% des suffrages.

Même si la forte abstention, 56,6% des 14,9 millions d'électeurs, augure difficilement des résultats de la présidentielle en novembre, ce scrutin est un camouflet pour le président Pinera dont la liste "Allez le Chili" espérait emporter au moins un tiers des sièges.

Les marchés ont répercuté cette déroute surprise avec un recul de 9,6% du principal indice lundi matin à l'ouverture de la bourse de Santiago.

"Les citoyens ont envoyé un message clair et fort au gouvernement et aussi à toutes les forces politiques traditionnelles: nous ne sommes pas suffisamment en phase avec les demandes et les désirs des citoyens et nous sommes mis au défi par de nouvelles expressions et un nouveau leadership", a déclaré le chef de l'état conservateur dimanche soir.

"Le Chili commence un nouveau cycle, nous ne savons pas combien de temps il va durer ni quelle sera la profondeur des changements liés à la nouvelle Constitution qui sera écrite", a estimé l'analyste de droite Gonzalo Cordero, dans une colonne du journal La Tercera.

"Un air de changement"

Pour la politologue Heiss, de l'Institut des affaires publiques de l'Université du Chili, ce résultat est "un transfert au niveau institutionnel du sursaut social" d'octobre 2019 pour réclamer une société plus égalitaire. "C'est ce qui se rapproche le plus de ce que le mouvement social aurait pu attendre", a-t-elle estimé.

Le changement de la loi fondamentale actuelle, qui limite fortement l'action de l'Etat et promeut l'activité privée dans tous les secteurs, notamment l'éducation, la santé et les retraites, est vu comme la levée d'un obstacle essentiel à de profondes réformes sociales dans un pays parmi les plus inégalitaires d'Amérique latine.

Les résultats montrent clairement "que la force électorale des indépendants est beaucoup plus importante qu'on ne le pensait et cela confirme que les citoyens en ont assez des partis traditionnels", a estimé Mireya Davila, de l'Institut des affaires publiques de l'Université du Chili.

Selon elle, "le système politique est en train d'être reconfiguré, il y a un air de changement au Chili, mais c'est aussi complexe car il faudra négocier avec chacun des indépendants et composer avec chacune de leurs positions au sein de l'Assemblée constituante".

Référendum en 2022

La nouvelle Constitution devra être approuvée ou rejetée en 2022 par un référendum à vote obligatoire.

La claque pour la droite au pouvoir s'est étendue sur les autres scrutins locaux qui étaient en jeu lors du vote organisé samedi et dimanche. La coalition "Allez le Chili" a perdu des villes clés, dont la capitale, où le candidat du parti communiste Iraci Hassler a été élu maire. Une performance que le parti communiste n'était jamais parvenu à réaliser même sous la présidence de Salvador Allende (1970-1973).

ats, afp

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