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Broulis: une longévité qui a fini par peser

Le grand argentier vaudois Pascal Broulis dans son bureau à Lausanne. © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Le grand argentier vaudois Pascal Broulis dans son bureau à Lausanne. © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Pascal Broulis est entré au gouvernement vaudois en 2002. © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Pascal Broulis est entré au gouvernement vaudois en 2002. © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Le conseiller d'Etat Pascal Broulis en charge du patrimoine inaugurait tout sourire le Château cantonal Saint-Maire, siège du gouvernement vaudois, en avril 2018 a Lausanne (archives). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON
Le conseiller d'Etat Pascal Broulis en charge du patrimoine  inaugurait tout sourire le Château cantonal Saint-Maire, siège du gouvernement vaudois, en avril 2018 a Lausanne (archives). © KEYSTONE/LAURENT GILLIERON
L'ex-conseiller d'Etat vaudois Pierre-Yves Maillard et le ministre Pascal Broulis ont longtemps été les acteurs du "compromis dynamique" dans le canton de Vaud (archives). © KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD
L'ex-conseiller d'Etat vaudois Pierre-Yves Maillard et le ministre Pascal Broulis ont longtemps été les acteurs du "compromis dynamique" dans le canton de Vaud (archives). © KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD
Le conseiller d'Etat Pascal Broulis, qui a redressé les finances cantonales , s'intérresse beaucoup au patrimoine culturel, ici le chantier du Musée de l'Elysée et du mudac ce jeudi, 17 juin 2021 a Lausanne (KEYSTONE/Cyril Zingaro) © KEYSTONE/CYRIL ZINGARO
Le conseiller d'Etat Pascal Broulis,  qui a redressé les finances cantonales , s'intérresse beaucoup au patrimoine culturel, ici le chantier du Musée de l'Elysée et du mudac ce jeudi, 17 juin 2021 a Lausanne (KEYSTONE/Cyril Zingaro) © KEYSTONE/CYRIL ZINGARO
En 2018, le quotidien alémanique Tages-Anzeiger révèle que le ministre des Finances est taxé pour deux tiers à Sainte-Croix (VD), alors qu'il réside à Lausanne en semaine et que son enfant y est scolarisé. Il sera blanchi par une double expertise, mais un certain malaise subsistera (archives). © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
En 2018, le quotidien alémanique Tages-Anzeiger révèle que le ministre des Finances est taxé pour deux tiers à Sainte-Croix (VD), alors qu'il réside à Lausanne en semaine et que son enfant y est scolarisé. Il sera blanchi par une double expertise, mais un certain malaise subsistera (archives). © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 19.08.2021


Après trois législatures au zénith, la 4e a été plus épineuse pour le conseiller d'Etat Pascal Broulis. Des attaques sur sa situation fiscale et ses liens avec le milliardaire F. Paulsen ont terni l'excellent bilan du Vaudois. Au PLR, sa longévité a fini par peser.

Il fut pendant longtemps l'homme à qui tout réussit. Dès l'âge de 20 ans, le Sainte-Crix d'origine grecque siège au législatif de sa commune. A 25 ans, il est le plus jeune député au Grand Conseil, dont il devient rapidement l'un des ténors.

Entré au Conseil d'Etat en 2002, le pragmatique grand argentier redresse patiemment des finances alors catastrophiques, suivant sa politique des petits pas. Son parcours professionnel, comptable et réviseur au Crédit foncier vaudois, puis à la Banque cantonale vaudoise, témoignait déjà de son amour des chiffres. Certains l'imaginaient d'ailleurs volontiers prendre un jour ou l'autre la présidence du conseil d'administration de la BCV.

Compromis dynamique

En 2009, l'homme est candidat à la succession Couchepin au Conseil fédéral, mais ne figure finalement pas sur le ticket PLR. A chaque élection cantonale en revanche, le centriste à fibre sociale caracole. En 2017, il est en tête du scrutin, et est le premier à dépasser les 100'000 suffrages. Il est aussi le tout premier président du Conseil d'Etat vaudois élu pour une législature.

Avec son "camarade de gouvernement", Pierre-Yves Maillard, le PLR forme un tandem de choc. Les deux artisans du "compromis dynamique" ont toujours veillé, avec succès, à ce qu'économie et social fassent bon ménage dans les projets du Conseil d'Etat.

Avec le départ de Pierre-Yves Maillard pour la présidence de l'Union syndicale suisse en mai 2019, les équilibres ont changé. Sans le duo "Brouillard-Malice", l'homme sera moins sur le devant de la scène.

Impôt pas toujours heureux

En 2018, l'élu vit une "annus horribilis". Le quotidien alémanique Tages-Anzeiger révèle que le ministre des Finances est taxé pour deux tiers à Sainte-Croix (VD), alors qu'il réside à Lausanne en semaine et que son enfant y est scolarisé.

Des accusations qui agacent et indignent le conseiller d'Etat, très attaché à son fief de l'arrière-pays. Suite à une double expertise, il est blanchi par le gouvernement, ses pairs soulignant qu'il n'a bénéficié d'aucun traitement de faveur.

Au final, un certain malaise subsiste, notamment sur l'aspect moral de ces arrangements fiscaux. Les 15'000 francs de frais de déplacement annuels que déduirait de sa déclaration l'auteur de "L'impôt heureux" passent mal dans l'opinion publique.

Voyage, voyage

Le quotidien du groupe Tamedia revient à la charge en s'intéressant aux voyages en Russie de Pascal Broulis et Frederik Paulsen, ex-président du groupe Ferring à Saint-Prex et consul honoraire de Russie dans le canton. Des doutes à propos de leur financement et d'éventuels retours d'ascenseur sont relayés par Ensemble à gauche au Parlement. Ce parti demande l'ouverture d'une enquête pénale.

Au terme d'investigations préliminaires qui ont aussi concerné l'ex-sénatrice Géraldine Savary, la justice conclut qu'aucune infraction pénale n'a été commise. Les voyages étaient privés et financés par les participants.

Pierre, patrimoine et RIE III

Ces controverses assombrissent le tableau de chasse du tourbillonnant ministre, mais ne l'empêchent pas de poursuivre ses projets avec sa ténacité habituelle. En 2018, Pascal Broulis, fan de pierres et de patrimoine, inaugure tout sourire le Château cantonal rénové.

Il poursuit les chantiers maousses du Musée cantonal des Beaux-Arts et de Vortex, bâtiment inauguré début 2020 par les athlètes des Jeux olympiques de la jeunesse et désormais occupé par des étudiants. Il mitonne et fait passer l'introduction en 2019 de la RIE III vaudoise, avant même que le projet fédéral ne soit bouclé.

En 2020, les bonnes finances du canton lui permettent d'absorber sans difficulté les surcoûts liés à la pandémie de coronavirus.

Trois mandats maximum

Pascal Broulis a toujours déclaré vouloir aller jusqu'au bout de sa quatrième législature en 2022. Certains ont affirmé, même dans sa famille politique, qu'il s'agissait de celle de trop. Poussé vers la sortie, il a laissé planer le doute sur sa candidature jusqu'au dernier moment.

Son parti tergiverse, lui, depuis plusieurs années sur une modification de ses statuts, visant à limiter la présence de ses élus au gouvernement cantonal à quinze ans maximum, soit trois mandats. Cette option devrait être validée par le congrès prévu le 22 septembre.

ats

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