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Aucun policier ne sera inculpé pour les tirs contre Jacob Blake

L'affaire a provoqué des manifestations et trois nuits d'émeutes à Kenosha (archives). © KEYSTONE/EPA/JUSTIN LANE
L'affaire a provoqué des manifestations et trois nuits d'émeutes à Kenosha (archives). © KEYSTONE/EPA/JUSTIN LANE
L'affaire a provoqué des manifestations et trois nuits d'émeutes à Kenosha (archives). © KEYSTONE/EPA/JUSTIN LANE
L'affaire a provoqué des manifestations et trois nuits d'émeutes à Kenosha (archives). © KEYSTONE/EPA/JUSTIN LANE


Publié le 06.01.2021


Les policiers impliqués dans les tirs ayant grièvement blessé l'Afro-Américain Jacob Blake en août à Kenosha ne seront pas poursuivis, a annoncé mardi le procureur chargé du dossier. Cette affaire avait ravivé la colère antiraciste aux Etats-Unis.

"Sur la base des faits et de la loi, nous avons décidé qu'aucun chef d'inculpation ne serait retenu" contre les trois agents impliqués dans le drame, a déclaré le procureur local, Michael Graveley lors d'une conférence de presse.

Anticipant cette annonce, le conseil municipal a décrété l'état d'urgence dans cette ville de 100'000 habitants de la région des Grands Lacs. Cinq cents membres de la Garde nationale sont prêts à être déployés, si des violences devaient éclater.

"C'est une claque", a commenté Justin Blake, un des oncles de la victime, lors d'un point-presse. "Ce qui se passe perpétue un racisme systémique" aux Etats-Unis, a-t-il ajouté.

Le 23 août, Jacob Blake, 29 ans, avait reçu plusieurs balles dans le dos sous les yeux de ses trois fils, alors qu'il tentait de prendre place dans une voiture. Grièvement blessé, il a perdu l'usage de ses jambes. La scène, filmée par un témoin, avait rapidement été mise en ligne sur internet.

Trois nuits d'émeute

L'affaire avait provoqué trois nuits d'émeutes à Kenosha et avait culminé le 25 août quand un jeune homme de 17 ans lié à des milices d'autodéfense avait tiré au fusil semi-automatique sur trois manifestants, faisant deux morts. Son arrestation le lendemain avait ramené un calme précaire dans cette ville du Wisconsin.

Ce jeune homme, Kyle Rittenhouse, a plus tard été remis en liberté contre le versement d'une caution de deux millions de dollars. Mardi, il a plaidé non coupable.

Le dossier avait entraîné une forte mobilisation dans le monde du sport, avec le report de plusieurs rencontres de la NBA notamment.

A deux mois de l'élection présidentielle, ce drame avait été fortement politisé, avec les visites sur place de Donald Trump et Joe Biden. Le républicain avait axé son discours sur le rétablissement de "la loi et de l'ordre", le démocrate avait dénoncé le "racisme sous-jacent" qui ronge, selon lui, les Etats-Unis.

Le pays connaît un mouvement historique de protestation contre le racisme et les violences policières depuis la mort de George Floyd, un Afro-Américain asphyxié par un policier blanc le 25 mai à Minneapolis.

"Injustifiable"

Le procureur Michael Graveley a toutefois estimé que son rôle n'était pas d'entrer dans cette discussion mais de vérifier si les agents avaient fait un usage légitime de la force. Et, selon lui, l'auteur des tirs, Rusten Sheskey, a bien agi dans un état de légitime défense.

Jacob Blake était visé par un mandat d'arrêt pour des violences conjugales, quand son ex a contacté les policiers, a-t-il dit. Quand les agents ont voulu l'interpeller, "il a résisté avec un couteau", a expliqué M. Graveley.

Selon lui, un agent a tiré quand le jeune homme a effectué un mouvement de rotation "rapide" vers lui, ce qu'il a perçu comme "une menace".

Mais ses arguments n'ont pas convaincu les défenseurs de Jacob Blake. "Ils essaient de justifier l'injustifiable", a dénoncé l'avocat de la famille B'Ivory Lamarr. "C'est une immense déception", a-t-il poursuivi. "Cela montre qu'en 2021, il y a toujours trois systèmes de justice: un pour les Noirs, un pour les policiers et un pour les autres Américains".

Mais pour la puissante association de défense des droits civiques ACLU, "ce n'est pas une surprise" et cela confirme que "le système pénal fonctionne au détriment des personnes noires".

ats, afp

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