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Annulation du vol censé transporter des migrants vers le Rwanda

Les migrants expulsés de Grande-Bretagne seront hébergés au Rwanda au Hope Hostel (Hôtel Espoir), à Kigali, qui "n'est pas une prison". (archives) © KEYSTONE/AP
Les migrants expulsés de Grande-Bretagne seront hébergés au Rwanda au Hope Hostel (Hôtel Espoir), à Kigali, qui "n'est pas une prison". (archives) © KEYSTONE/AP
Les migrants expulsés de Grande-Bretagne seront hébergés au Rwanda au Hope Hostel (Hôtel Espoir), à Kigali, qui "n'est pas une prison". (archives) © KEYSTONE/AP
Les migrants expulsés de Grande-Bretagne seront hébergés au Rwanda au Hope Hostel (Hôtel Espoir), à Kigali, qui "n'est pas une prison". (archives) © KEYSTONE/AP
Plusieurs centaines de migrants sont arrivés ces derniers jours en Grande-Bretagne (archives). © KEYSTONE/EPA/STUART BROCK
Plusieurs centaines de migrants sont arrivés ces derniers jours en Grande-Bretagne (archives). © KEYSTONE/EPA/STUART BROCK


Publié le 15.06.2022


C'est un revers humiliant pour le gouvernement britannique: malgré sa détermination à expulser des migrants vers le Rwanda pour dissuader les arrivées illégales au Royaume-Uni, le premier vol, prévu mardi soir, a été annulé à la suite de recours de dernière minute.

Avec son projet d'envoyer des demandeurs d'asile arrivés clandestinement au Royaume-Uni dans ce pays d'Afrique de l'Est, à plus de 6000 km de Londres, le gouvernement prétend freiner les traversées illégales de la Manche, qui ne cessent d'augmenter malgré ses promesses répétées de contrôler l'immigration depuis le Brexit.

Ce projet critiqué par l'ONU est très populaire au sein de l'électorat conservateur. Mais après des recours en justice, et une décision en urgence de la Cour européenne des droits de l'homme, l'avion spécialement affrété pour des centaines de milliers d'euros est resté au sol.

"Dernier billet annulé. Personne ne part au Rwanda", a tweeté l'association d'aide de soutien aux réfugiés Care4Calais. Des sources gouvernementales ont confirmé à l'agence de presse britannique PA que l'avion prévu ne décollerait pas en raison des interventions de dernière minute de la CEDH.

Mesure provisionnelle

A l'origine, les autorités comptaient expulser jusqu'à 130 migrants (Iraniens, Irakiens, Albanais ou Syriens) dans ce premier vol. Ce nombre s'est réduit comme peau de chagrin à la suite de divers recours individuels. Et dans un rebondissement de dernière minute, la CEDH a arrêté mardi soir l'expulsion d'un demandeur d'asile irakien, en prenant une mesure provisoire d'urgence.

La cour a estimé que l'expulsion de l'Irakien devait être repoussée jusqu'à ce que la justice britannique ait examiné la légalité du projet de loi, ce qui est prévu en juillet. Il s'agit en particulier de s'assurer que les migrants peuvent avoir accès à des procédures équitables au Rwanda et que le Rwanda soit considéré comme un pays sûr.

"On ne nous découragera pas de faire ce qu'il faut et de mettre en oeuvre nos plans pour contrôler les frontières de notre pays", a réagi la ministre britannique de l'intérieur Priti Patel. L'équipe juridique du gouvernement "examine chaque décision prise sur ce vol et la préparation du prochain vol commence maintenant", a-t-elle ajouté.

Solution à un "système défaillant"

En vertu de son accord avec Kigali, Londres financera dans un premier temps le dispositif à hauteur de 120 millions de livres (144 millions de francs). Le gouvernement rwandais a précisé qu'il proposerait aux migrants la possibilité "de s'installer de manière permanente".

Lors d'une conférence de presse à Kigali, la porte-parole du gouvernement Yolande Makolo a estimé que cet accord constituait une "solution à un système d'asile mondial défaillant". "Nous ne pensons pas qu'il soit immoral d'offrir un chez soi aux gens", a-t-elle ajouté, indiquant que le Rwanda serait "heureux" d'accueillir "des milliers de migrants".

Les traversées illégales de la Manche sont la cible du gouvernement conservateur et provoquent régulièrement des tensions avec la France. Depuis le début de l'année, plus de 10'000 migrants ont traversé illégalement la mer pour atteindre les côtes britanniques sur de petites embarcations, une hausse par rapport aux années précédentes, déjà records.

Alimentant la polémique, le prince britannique Charles a jugé en privé "consternant" le projet du gouvernement, avait rapporté samedi le Times. Il doit participer à une réunion du Commonwealth à partir du 20 juin au Rwanda.

ats, afp

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