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Aide sociale: la hausse massive de cas redoutée n'a pas eu lieu

Les longues files de personnes attendant de recevoir des vivres alimentaires au printemps 2020 montrent que certains groupes de la population passent à travers les mailles du filet social (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Les longues files de personnes attendant de recevoir des vivres alimentaires au printemps 2020 montrent que certains groupes de la population passent à travers les mailles du filet social (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Les longues files de personnes attendant de recevoir des vivres alimentaires au printemps 2020 montrent que certains groupes de la population passent à travers les mailles du filet social (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Les longues files de personnes attendant de recevoir des vivres alimentaires au printemps 2020 montrent que certains groupes de la population passent à travers les mailles du filet social (archives). © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 26.10.2021


En 2020 le nombre de dossiers déposés à l'aide sociale est resté stable avec une légère hausse de 0,5%, selon une étude. L'influence de la pandémie sur ce soutien a donc été moins forte qu'escompté. Elle a toutefois révélé des lacunes.

La crise sanitaire aura peut-être tout au plus stoppé la tendance à la baisse du nombre de dossiers observée ces dernières années, mais elle n’aura pas entraîné l’augmentation massive que l’on craignait, indique l'Initiative des villes pour la politique sociale mardi.

Les mesures mises en place lors de la crise, telles que les prolongations des indemnités chômage, les mesures en cas de réduction de l'horaire de travail ou les allocations perte de gain pour les indépendants ont constitué un filet précieux pour les personnes touchées, a déclaré Emilie Moeschler, conseillère communale de Lausanne en conférence de presse.

La part de nouveaux dossiers est passée de 62% à 65% en 2020. Cette hausse est sans doute liée au coronavirus, selon Michelle Beyeler, co-auteur de l'étude. Il est fort probable que davantage de ménages qui étaient en mesure de subvenir à leurs besoins vitaux jusque-là ont dû recourir à l'aide sociale. Lausanne a par exemple constaté une hausse de mars à juin puis un retour à la stabilité au deuxième semestre.

Groupes vulnérables

La pandémie a montré que certains groupes de la population passent à travers les mailles du filet social, en témoignent les longues files de personnes attendant la distribution de vivres au printemps 2020. Rien qu'à Lausanne, 711'000 kilos de nourriture ont été fournis par la Centrale Alimentaire de la Région lausannoise (CARL), soit une augmentation de près de 30%.

La paupérisation constatée durant la crise a touché des petits indépendants, des personnes ne répondant pas aux critères de l'aide sociale comme les permis B en fin de rapport de travail ou les personnes en situation irrégulière et les sans abri. Il y a aussi les réfugiés reconnus arrivés en 2015 qui passent après 5 ans de la compétence de la Confédération à celle des cantons ou des villes.

Evolution variable

Selon le rapport, le taux d'évolution d'aide sociale indique une progression en 2020 dans cinq villes: Zurich, Berne, Lucerne, Schaffhouse et Coire. Il est en recul dans six autres, Bâle, Lausanne, Bienne, Zoug, Schlieren et Wädenswil. Il reste stable dans les autres villes (Winterthour, St-Gall, Uster).

L'évolution dans les villes suit le plus souvent la tendance constatée les années précédentes, a précisé Mme Beyeler. Sur dix ans, les auteurs constatent que le risque de dépendre de l’aide sociale tend à augmenter surtout dans quelques villes de taille moyenne: le taux d’aide sociale accuse ainsi une hausse comparativement sensible au moins depuis 2017 à Winterthour, Schaffhouse et Lucerne.

Les personnes ayant recours à l'aide sociale sont des familles monoparentales, des couples avec enfants, des personnes sans formation ou des réfugiés. En 2020, 53,5%, soit plus de la moitié, des adultes bénéficiant de l’aide sociale dans les 14 villes comparées ne disposent d’aucune formation professionnelle reconnue. Cette part enregistre une hausse de 0,9 point de pourcentage depuis 2016.

Pauvreté durable

Les recourants à l'aide sociale, même une fois sortis de ce système, sont eux aussi souvent menacés de pauvreté. L'étude montre que la moitié des bénéficiaires de l'aide sociale font à nouveau appel à ce soutien. Il existe ainsi des groupes de population qui s’enlisent dans la pauvreté en dépit de l’aide sociale et qui vivent dans une situation toujours précaire à la limite du minimum vital.

Le système doit être adapté afin de mieux faire face aux temps difficiles, selon les auteurs de l'étude. Les lacunes de sécurité sociale constatées pour les indépendants doivent trouver une réponse. Les étrangers en détresse doivent aussi pouvoir être aidés. "Il serait contreproductif de durcir encore davantage la législation sur les étrangers", selon Nicolas Galladé, président de l'initiative des villes pour la politique sociale.

La comparaison des indicateurs de l’aide sociale, réalisée par l’Initiative des villes pour la politique sociale et la Haute école spécialisée bernoise, documente depuis 22 ans les développements dans 14 villes suisses sur la base de données compilées par l’Office fédéral de la statistique. Les villes analysées accueillent un quart environ des bénéficiaires de l’aide sociale enregistrés en Suisse.

ats

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