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Affrontements à Quito, un indigène tué

Face aux manifestants descendus dans les rues de Quito pour réclamer notamment une baisse du prix du carburant, la police a fait usage de gaz lacrymogène. © KEYSTONE/AP/Dolores Ochoa
Face aux manifestants descendus dans les rues de Quito pour réclamer notamment une baisse du prix du carburant, la police a fait usage de gaz lacrymogène. © KEYSTONE/AP/Dolores Ochoa
Face aux manifestants descendus dans les rues de Quito pour réclamer notamment une baisse du prix du carburant, la police a fait usage de gaz lacrymogène. © KEYSTONE/AP/Dolores Ochoa
Face aux manifestants descendus dans les rues de Quito pour réclamer notamment une baisse du prix du carburant, la police a fait usage de gaz lacrymogène. © KEYSTONE/AP/Dolores Ochoa


Publié le 22.06.2022


Au neuvième jour de mobilisation en Equateur contre la hausse des prix du carburant, des milliers d'indigènes ont manifesté et affronté la police, notamment à Quito. L'armée y a mis en garde les protestataires, dont l'un a trouvé la mort mardi.

C'est dans le nord de la capitale, tout près d'une université qui abrite des manifestants, qu'ont eu lieu des heurts parmi les plus violents avec les forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes, de canon à eau, de véhicules motorisés et de policiers à cheval.

La présence policière était forte dans le secteur, où se trouve également la Maison de la culture équatorienne (CCE), un centre culturel servant traditionnellement de point de rencontre aux indigènes, mais investie par la police depuis ce week-end.

Dans la localité amazonienne de Puyo, au sud de Quito, un indigène quechua a trouvé la mort mardi. "Il y a eu une confrontation et cette personne a été touchée au visage, apparemment par une bombe de gaz lacrymogène", a déclaré à l'AFP l'avocate Lina María Espinosa, de l'Alliance des organisations des droits humains.

Dans la nuit de lundi à mardi, un autre jeune homme était mort après être tombé dans un ravin pendant les manifestations et le bureau du procureur a décidé d'ouvrir une enquête pour homicide présumé.

Marche pacifique vers Quito

La puissante Confédération des nationalités indigènes d'Equateur (Conaie), qui a participé aux révoltes ayant renversé trois présidents entre 1997 et 2005 et mené les violentes manifestations de 2019 (11 morts), organise depuis le 13 juin des marches et barricades pour exiger une baisse des prix du carburant.

Des milliers d'indigènes ont entamé lundi une marche pacifique vers le centre de Quito depuis le sud. Plusieurs centaines sont également arrivés par le nord dans la capitale de trois millions d'habitants.

Outre le prix du carburant, les manifestants dénoncent le manque d'emplois, l'octroi de concessions minières dans les territoires autochtones, l'absence de contrôle des prix des produits agricoles et une renégociation des dettes des paysans auprès des banques.

"Conditions" pour un dialogue

"La démocratie en Equateur est en grave danger face à l'action concertée de personnes exaltées qui empêchent la libre circulation de la majorité des Equatoriens", a mis en garde mardi le ministre de la Défense Luis Lara, entouré de hauts gradés militaires.

Le leader de la Conaie, Leonidas Iza, a soumis mardi soir un éventuel dialogue avec les autorités à plusieurs "conditions", notamment "la désescalade des actions répressives, l'abrogation de l'état d'urgence et la démilitarisation du parc El Arbolito" à Quito, où les indigènes se réunissent habituellement.

Le président Guillermo Lasso a de son côté annoncé le même jour sur Twitter qu'il acceptait "un processus de dialogue franc et respectueux avec la Conaie et d'autres organisations civiles".

Lundi, il avait lancé, avec une vidéo montrant des images de manifestants se livrant à des violences dans la rue: "Nous avons tendu la main, nous avons appelé au dialogue, mais ils ne veulent pas la paix, ils cherchent le chaos, ils veulent chasser le président". Il avait ensuite étendu l'état d'urgence de trois à six des 24 provinces du pays.

Production pétrolière en baisse

Au Parlement, les députés avaient approuvé lundi soir une résolution exigeant une proposition gouvernementale de dialogue "sérieuse, claire et honnête" et réclamant une table ronde incluant l'ONU, la Croix-Rouge, les universités et l'Eglise catholique pour chercher des solutions à la crise.

Soixante-trois policiers ont été blessés depuis le début des manifestations, selon un bilan officiel, tandis qu'une organisation locale de défense des droits humains a fait état de 79 arrestations et 55 civils blessés.

Les peuples indigènes rassemblent au moins un million des 17,7 millions d'Equatoriens. Depuis près d'un an, le prix d'un gallon de diesel a augmenté de 90% (à 1,90 dollar) et celui de l'essence de 46% (à 2,55 dollars). Les prix sont gelés depuis octobre, après les précédentes manifestations, mais la Conaie demande une baisse à respectivement 1,50 et 2,10 dollars.

L'économie équatorienne perd environ 50 millions de dollars par jour en raison des manifestations, selon des chiffres officiels. La production pétrolière, principale exportation, a diminué d'environ 100'000 barils par jour, soit une baisse de 21%, selon le directeur de la société publique Petroecuador, Italo Cedeno.

ats, afp

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