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Fin des auditions au procès des activistes du climat à Fribourg

Les auditions se sont achevées au deuxième jour du procès des 30 activistes du climat prévenus d'avoir bloqué Fribourg Centre le 29 novembre 2019. Profitant de la tribune, ils ont développé leurs motivations pour sauver le vivant.

Le procès d'une trentaine d'activistes du climat, ici la brigade rouge d'Extinction Rebellion devant Forum Fribourg, a permis aux prévenus d'exposer au juge et aux médias les motifs de leur combat. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Le procès d'une trentaine d'activistes du climat, ici la brigade rouge d'Extinction Rebellion devant Forum Fribourg, a permis aux prévenus d'exposer au juge et aux médias les motifs de leur combat. © KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

ATS

Publié le 26.05.2021

Le juge de police de la Sarine a poursuivi mercredi les auditions des prévenus, des femmes en majorité, dans une grande salle de Forum Fribourg. La veille, Benoît Chassot en avait déjà entendu 18, dont une chercheuse en écologie à l'Ecole polytechnique de Zurich (EPFZ), relancée deux heures durant par les questions des douze avocats de la défense.

La tactique a permis de contrer le refus au juge d'écouter les témoignages de cinq experts, dont le prix Nobel de chimie Jacques Dubochet, estimant qu'ils n'apporteraient rien dans la résolution du cas, leur contenu étant connu. Les prévenus, via des déclarations relayées par les médias, ont réaffirmé leurs convictions.

De tous les horizons

Etudiante et étudiant en droit, en biologie ou en psychologie, jeune architecte, peleur de pommes de terre, magasinier ou chômeur, les accusés sont pour la plupart âgés entre 19 et 25 ans, avec l'une ou l'autre personne plus âgée. "Je suis en colère de voir le monde brûler", a clamé la première prévenue interrogée mercredi.

A l'instar des autres, qui tous avaient soigneusement préparé leurs interventions, elle a décrit le recours à la désobéissance civile comme étant le seul moyen d'action pour "faire bouger les lignes" face à la lenteur du processus politique. "Il faut jusqu'à huit ans pour voir une initiative acceptée par le peuple devenir une loi."

Son témoignage résume la teneur des auditions réalisées pendant une petite quinzaine d'heures au total. Un camarade a parlé d'actes "mûrement réfléchis" en évoquant, deux heures durant lui aussi, le détail des enjeux. Un autre, syndicaliste, a mentionné son rôle de formateur en désobéissance civile au sein d'Exctinction Rebellion.

Souffrir d'éco-anxiété

La peur de l'avenir, appelée aussi éco-anxiété, est souvent revenue devant l'inaction des gouvernements face à la crise climatique, malgré l'urgence reconnue pourtant. Sur le plan personnel, les prévenus s'appliquent à adopter un comportement exemplaire (véganisme, manger bio, pas de voyages en avion, transports publics).

Jusqu'à l'idée de renoncer à faire des enfants "dans un monde n'offrant d'autre perspective que la catastrophe climatique", avec pénuries de nourriture et d'eau. Mais tous ont admis que les actions personnelles ne suffisaient pas pour sauver le vivant. D'où leur certitude de ne rien commettre d'illégal en désobéissant civilement.

Comme le 29 novembre 2019, quand il s'est agi pour les activistes de la Grève du climat et d'Extinctions Rébellion de dénoncer la surconsommation en bloquant l'entrée principale d'un centre commercial à Fribourg. Des actions qui obligent partout (Vaud, Genève ou Neuchâtel) leurs auteurs à se confronter aux juges.

Plaidoiries lundi

Les interventions ont aussi livré à l'appréciation du juge de police toute une série de données scientifiques venant appuyer l'idée qu'il est impossible de ne pas être au courant de l'urgence climatique. Parfois, jusqu'à causer l'irritation de Benoît Chassot, notamment lors de la citation d'un long article d'une revue spécialisée.

Tous les participants à l'action "Block Friday" ont été condamnés à des peines pécuniaires avec sursis et des amendes fermes comprises entre 200 et 500 francs pour avoir pris part à une manifestation non autorisée, troublé l'ordre public et ignoré les injonctions de la police. Certains ont aussi été reconnus coupables de contrainte.

Les activistes sont jugés en plénum pour s'être opposés aux condamnations prononcées l'an passé via des ordonnances pénales rendues par le procureur général Fabien Gasser. A signaler que la défense a fait enregistrer le refus d'entendre les experts comme violation la Convention européenne des droits de l'Homme.

La suite du procès se tiendra lundi avec les plaidoiries de la défense, qui devraient prendre cinq heures. Le verdict pourrait tomber le lendemain, sachant que le juge Chassot a prévu quatre journées. En tout cas, les prévenus ont répété compter sur le troisième pouvoir pour pallier les manquements des deux autres.

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