La Liberté

Les lettres à nos aînés

Pour elle, j’étais prête à payer un flacon de gel au prix fort

Pour elle, j’étais prête à payer un flacon de gel au prix fort
Pour elle, j’étais prête à payer un flacon de gel au prix fort


Publié le 13.05.2020

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Lettre à nos aînés

Cher aîné, chère aînée, nous avons tous connu des temps difficiles d’isolement forçant l’introspection. Sachez que je suis navrée que votre famille ou des visiteurs n’aient plus pu venir vous voir ces derniers mois et que cette privation soit intervenue alors même que ces contacts auraient été des plus nécessaires pour calmer votre solitude.

Vous savez, pour être honnête, au début de cette épidémie qui nous semblait encore très loin de notre Suisse bien protégée, je pensais peu à vous. Je pensais plus à mes après-midi à étudier au soleil sur ma terrasse préférée, ou bien encore à mes fêtes et voyages à venir qui ont tous été annulés.

J’ai compris bien vite pourtant ma responsabilité, lors d’un voyage à Londres avec ma grand-mère, quand j’ai dû faire tous les magasins pour trouver du savon et un gel antiseptique. Je la voyais, cachant son angoisse pour ne pas m’effrayer, et elle me voyait aussi, suppliant chaque vendeur de vérifier s’il ne lui restait pas de gel en stock, quitte à le payer au prix fort et à me passer d’argent de poche, juste pour mettre ma grand-mère à l’abri du virus.

J’ai compris, honteusement un peu tard, que vous étiez incroyablement importants à mes yeux. En ces temps de grandes douleurs, j’ai donc senti qu’il était de mon devoir d’agir. Je suis allée donner mon sang pour la première fois, même si je vous avoue avoir grandement peur des aiguilles. J’ai également envoyé ma candidature en tant que bénévole à l’HFR. Et, malgré ma propre frustration, je suis restée chez moi afin de ne pas risquer de propager ou d’attraper ce virus.

J’ai peur, j’ai même très peur dans cette situation, car je me sens tellement petite en comparaison. Mais, ensemble, je nous sens unis et forts. Si d’autres me lisent: jeunes, vieux, moins jeunes et moins vieux, il est de notre devoir de penser aux êtres que nous aimons et de les protéger. Alors écrivez, téléphonez, offrez, recevez, mais avant tout, continuez de rester le plus possible chez vous.

Noémie Camarena, étudiante à l’Ecole de Culture Générale


» Cette opération de solidarité est lancée de concert avec d’autres quotidiens régionaux de Suisse romande: Le Quotidien Jurassien dans le Jura, Arcinfo à Neuchâtel, Le Journal du Jura (Berne francophone) et Le Nouvelliste, en Valais. La Côte, basée à Nyon, et le magazine Générations se sont également joints au mouvement.

Mais la solidarité ne se confine évidemment pas aux seules rédactions. C’est pourquoi nous vous lançons un appel, à vous, chers lecteurs: écrivez vous aussi votre lettre à nos aînés et faites-nous la parvenir par courriel à l’adresse suivante: redaction@laliberte.ch. Nous publierons les plus belles dans nos prochaines éditions.

La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11