La Liberté

Une méprise ou alors de la pitié?

Publié le 11.06.2021

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Je fendais l’air, l’autre matin, sur mon scooter noir entre Le Bry et Gumefens quand soudain, dans une ligne droite, un motard me fit un signe de la main! Bouche bée sous mon casque, je réalisai que c’était la première fois en dix ans que telle bienveillance m’avait caressé.

Je profite donc de ce courrier pour exprimer ma profonde gratitude à l’auteur – peut-être lecteur de La Liberté – de ce geste magnanime, même s’il devait assurément émaner d’une erreur de jugement. Si vous vous reconnaissez, je comprendrais bien que vous restiez discret ou mutique puisque cette inadvertance s’avérerait un affront à tous vos congénères. Saluer un scootériste, membre de la caste inférieure! Inadmissible, impur. Un intouchable parmi les brahmanes.

Il est tout à fait normal qu’avec un plafond à 115 km/h (et encore en descente, en position de schuss), je ne puis pas aspirer à la reconnaissance de ceux qui sont assis sur des cylindres aussi augmentés que virils. Faire preuve d’allégeance, la puissance du moteur étant bien sûr proportionnelle à la dignité de son conducteur. Cela va de soi.

Et même si ces trois doigts pointés dans ma direction (un seul m’eût un peu contrarié) furent un acte de commisération, un élan de bonté excessive à l’égard des assujettis au carénage terne et méprisable, je prends quand même. Car j’eus, l’espace de quelques secondes, l’impression d’être intégré au clan huppé des deux-roues rutilants. Et à 50 ans, ce genre de sentiment, pour un pâle scootériste de mon acabit, sonne comme un avènement.

Marc Aebischer, écharlens

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