La Liberté

Le pouvoir de la littérature

Publié le 26.11.2021

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Je me souviens d’avoir énervé naguère le poulailler en disant sereinement que Joël Dicker et ses opus, non, à franchement parler, ce n’était pas de la littérature, un habile commerce peut-être, un trafic de signes éventés, controuvés, usés jusqu’à la corde. Et tous ses lecteurs, et toutes ses lectrices de s’énerver fissa, un énervement qui alla jusqu’aux invectives publiques. Dont acte.

Eh bien, l’on est heureux aujourd’hui d’être en mesure de donner une preuve à ce constat: le dernier Goncourt attribué à un jeune écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr – et certes ce n’est pas à cause du prix reçu que son livre est précieux, mais d’abord et avant tout par la qualité de sa prose, très sûre, et qui s’étage sur plusieurs plans, une langue nerveuse, inventive, jouissive; ensuite par une sorte de plongée assez vertigineuse dans les arcanes de l’humain: psychologie, politique, esthétique, mœurs, morale.

Du point de vue qui est le mien, dans la controverse, une admirable méditation sur la littérature, et faut-il le dire, sans conclusion. La plus secrète mémoire des hommes, donc, le titre de l’ouvrage; j’en détourne ici une des phrases: une fois ce livre refermé, «… la vie vous reflue à l’âme avec violence et pureté».

On trouve encore – à l’adresse de ceux qui hésiteraient à comprendre: «Un grand livre n’a pas de sujet et ne parle de rien, il cherche seulement à dire ou découvrir quelque chose, mais ce seulement est déjà tout, et ce quelque chose aussi est déjà tout.»

Courez à vos cadeaux de Noël, joyeux lecteurs de littérature!

Pierre Voélin, Fribourg

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