La Liberté

L’(in)appropriation culturelle ou la dérive des concepts

Publié le 10.08.2022

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Le brutal arrêt d’un concert de musiciens blancs à dreadlocks et jouant du reggae a défrayé la chronique ces derniers jours et m’interpelle à différents niveaux.

L’importation telle quelle de concepts anglo-saxons comme celui d’appropriation culturelle – on pourrait aussi citer le wokisme et la cancel culture – sans prendre en considération le terreau et l’historicité dans lesquels ils ont émergé amène à des simplifications et des excès faisant le jeu des extrémistes de tout bord.

Ces notions sont souvent issues de groupes opprimés dénonçant les rapports d’inégalité et de domination subis, pensons notamment à la situation encore révoltante des afro-descendants aux USA.

Néanmoins, le concept d’appropriation culturelle me pose problème dans la dimension figée qu’il induit: une culture n’est-elle pas toujours «impure», le fruit d’influences, d’ajustements, de réinterprétations, de métissages et donc, par définition, d’appropriations culturelles? Cette vision statique de la culture fait le jeu des nationalistes et autres tenants d’une pureté culturelle non seulement illusoire, mais surtout dangereuse.

Une autre dimension de cet événement m’interroge: comment se fait-il qu’une poignée d’individus puissent faire arrêter un concert au détriment d’une majorité? N’avaient-ils pas le choix de quitter l’endroit s’ils n’étaient pas à l’aise? J’y vois une forme de dérive inquiétante vers ce que certains décrivent comme la tyrannie des minorités dommageable à notre fonctionnement démocratique.

Christophe Dind,

Belfaux

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