La Liberté

Droit de vote des femmes 1971-2021: Une «Liberté» satisfaite du résultat

La Suisse fête en cette année 2021 les 50 ans du droit de vote des femmes au niveau fédéral. Durant toute la semaine, «La Liberté» vous propose une série d’articles consacrés à cet anniversaire ainsi qu’un parcours dans nos archives de l’époque. Deuxième épisode de cette plongée avec les prises de position de votre quotidien au lendemain du vote.

Droit de vote des femmes 1971-2021: Une «Liberté» satisfaite du résultat
Droit de vote des femmes 1971-2021: Une «Liberté» satisfaite du résultat


Jérémy Rico

Publié le 26.01.2021

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Nous l’avons vu dans le premier article de cette série, les Fribourgeois se sont prononcés largement en faveur de l’octroi du droit de vote aux femmes le 7 février 1971. Mais qu’en a pensé La Liberté? L’avis du quotidien de Pérolles, qui fête à l’époque son siècle d’existence, transparaît très clairement au travers de deux textes. Le premier, un édito, est signé de la plume du rédacteur en chef François Gross. (cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Satisfait du vote des Fribourgeois, le rédacteur en chef y souligne le retard suisse en matière d’octroi du droit de vote aux femmes (via la parabole de l’ouvrier de la onzième heure). Et pour cause: selon l’édition du lendemain, qui revient sur l’avis de la presse étrangère sur la votation helvétique, la Suisse quitte un club de plus en plus réduit. A l’échelle internationale, la Jordanie, Le Koweït, l’Arabie Saoudite, le Yémen et le Liechtenstein sont ainsi les seuls pays qui n’ont, en 1971, pas encore accordé le droit de vote à leurs citoyennes.

François Gross profite également de sa tribune pour s’adresser indirectement aux femmes. «Peut-on souhaiter que les nouvelles citoyennes se joindront au contraire aux hommes et ne resteront pas en «ghettos», qu'elles ne s'occuperont pas des seuls problèmes propres à leur sexe mais de tous ceux de la Cité? Peut-on espérer, aussi, qu'ayant connu la longue attente, elles soient plus sensibles que les hommes aux discriminations qui entachent encore nos lois», écrit-il.

Dans un autre style, le rédacteur Pierre Barras exprime également son avis en Une de cette édition historique du 8 février 1971. Après avoir dressé un rapide historique de la question du suffrage féminin, le journaliste souligne les joies du fédéralisme suisse, qui permet à chaque canton de rester «maître chez soi». En effet, si le 7 février coïncide avec l’acceptation du droit de vote des femmes au niveau cantonal et fédéral à Fribourg, il n’en est pas de même partout. Les citoyennes en Appenzell Rhodes-Intérieures devront même attendre 1991 pour obtenir le droit de vote au niveau cantonal.

Pierre Barras complète son analyse par une marque d’empathie envers les cantons à landsgemeinde: «Sans doute, il reste encore des opposants. Les cantons à landsgemeinde, et ceux-là, nous pouvons les comprendre, sont restés réfractaires.» Pour quelles raisons le rédacteur comprend-il le refus de ces cantons? Il ne l’explique pas. (cliquez sur l’image pour l’agrandir)

A noter aussi, pour l’anecdote, une publicité publiée quelques pages plus loin. Signée d’un magasin de la place, elle souligne qu’à l’époque, et malgré le double «oui» fribourgeois, les citoyennes sont encore bien souvent considérées comme des femmes au foyer. Voyez plutôt ce magnifique salon, «créé pour vous, Mesdames».

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