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LSD Soundsystem

L’article en ligne – dessin animé » Netflix diffuse The midnight Gospel depuis fin avril, un nouveau dessin animé spatial, et il faut bien reconnaître que c’est un sacré OVNI.

Une chose est sûre, The Midnight Gospel est une série très imaginative et débordante de créativité. © Netflix
Une chose est sûre, The Midnight Gospel est une série très imaginative et débordante de créativité. © Netflix

Yvan Pierri

Publié le 24.05.2020

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Il existe des œuvres qui semblent avoir été conçues dans un état second et dont la meilleure façon d’en faire l’expérience semble de soi-même s’abandonner à la consommation de substances plus ou moins légales. The Midnight Gospel entre indubitablement dans cette catégorie-là. Série animée américaine créée par Pendleton Ward et Duncan Trussel pour le géant du streaming Netflix, elle a débarqué en avril 2020 avec sa folie visuelle tous azimut.

The Midnight Gospel suit les pérégrinations cosmiques de Clancy, un « podcasteur de l’espace » qui, à l’aide d’un simulateur de multivers, écume des planètes toutes plus farfelues les unes que les autres à la recherche de sujets d’interviews qu’il pourra diffuser dans son émission « The Midnight Gospel ». Chaque épisode s’organise autour de longues conversations entre Clancy et un personnage des mondes qu’il explore. Portant sur des sujets existentiels comme la mort, la spiritualité ou encore la méditation transcendantale, ces longs dialogues se dérouleront sur fond d’événements complètement loufoques et souvent trash dus aux environnements surréalistes des planètes du simulateur de multivers.

Pour s’incarner à l’écran, ces événements bénéficieront de la qualité la plus évidente The Midnight Gospel, à savoir son animation proprement hallucinante. Pendleton Ward, créateur de la géniale série Adventure Time, reprend ici le style naïf et enfantin du titre susmentionné et lui administre un énorme shoot de LSD. La série évolue dans un univers esthétique en constante évolution permise par la maestria technique des animateurs qui parviennent à insuffler toute la bizarrerie psychédélique du projet. Vibrant dans un continuel bouillonnement dadaïste, l’animation se permet une liberté visuelle et thématique souvent déconcertante, tant les animations frapadingues qui accompagnent les conversations du show n’entretiennent parfois que très peu de rapport avec celle-ci.

D’ailleurs, il n’est pas interdit de penser que The Midnight Gospel est parfois trop libre justement. Il n’est pas rare que la constante charge visuelle, par moment en sévère contradiction avec le ton de l’histoire, ne vienne distraire le spectateur qui ne sait plus où donner de la tête. L’animation est ici moins une illustration thématique qu’un projet artistique évoluant en parallèle des éléments narratifs de la série. Ce dernier aspect représente à la fois un défaut mais également une qualité, puisque la série freine un peu sa ferveur pour se concentrer sur un concept esthétique fort qu’elle développe en parallèle des interviews, se permettant souvent d’atteindre des apothéoses visuelles, musicales et thématiques.

Un concept original

Là où The Midnight Gospel intéresse le plus, c’est dans son concept et sa fabrication. En effet, Les fameuses interviews sont en fait des extraits de The Duncan Trussell Family Hour, podcast animé par l’autre grande force créative derrière The Midnight Gospel et dont Clancy est l’alter ego, à savoir Duncan Trussell. Ces conversations ayant été enregistrée antérieurement à la création de The Midnight Gospel, on assiste ici à un fascinant mélange entre l’étrangeté d’une fiction surréaliste et la spontanéité d’une conversation philosophique. Il est à ce titre souvent très appréciable de voir comment les animateurs ont réussi à maintenir une cohérence audiovisuelle sans toujours se soucier des thèmes des épisodes. Ainsi, chaque fou rire, chaque hésitation et chaque petit bruit parasite qui sont monnaie courante dans l’enregistrement d’un podcast sont ici maintenus et justifiés dans la logique absurde des planètes. C’est dans ces moments-là que la série brille le plus. On pourra seulement regretter que les conversations ne soient pas toujours pareillement passionnantes et que, fatalement, on se heurte à quelques lieus communs rendant le contenu thématique de l’œuvre un peu inégal.  

En résumé, The Midnight Gospel est une série très imaginative et débordante de créativité. Souvent brillante, parfois bancale et un peu trop généreuse pour son propre bien, elle reste néanmoins une intéressante tentative de métissage des médias et une expérimentation fascinante qui, même si elle en laissera plus d’un sur le carreau, reste tout du moins extrêmement attachante. 


The Midnight Gospel

Par Pendleton Ward et Duncan Trussel, basé sur le podcast The Duncan Trussell Family Hour,

Avec Duncan Trussell et Phil Hendrie

Série télévisée produite par Netflix

Saison 1 parue le 20 avril 2020

https://www.netflix.com/title/80987903

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